Total soutien à Charlie ! (suite 2)
Écrit par D.D sur 16 janvier 2015
Ainsi dans ces marches républicaines de dimanche 11 janvier l’on a pu y ressentir quelque chose de sensible qui circulait des uns aux autres. Comme par moments, en plus de l’émotion palpable portée par chacun, sous l’effet communicatif de vagues d’applaudissements sans raison particulière qui arrivaient doucement comme un bruit d’eau.
Applaudissements doux que chacun reprenait et transmettait un peu plus loin pour qu’ils soient repris et qu’ils fassent le tour, le tour de la ville. C’est ainsi que dans la cité circulait cette émotion générale. Comme une ola sonore, on ne se voyait pas au-delà de quelques mètres mais le son prenait en charge la ville, et la profondeur de la présence de tous.
D’autant plus vibrante que dans celle-ci (Rennes où 115 000 personnes étaient Charlie) les rues étaient libres. Bien qu’archi-pleines de ce défilé monstre qualifié d’historique. Bloquées par la foule parfois, mais libres. Au sens où il n’y avait pas de tambours, banderoles, ressasseurs de mots d’ ordre. Peu de Marseillaises avec « patrie » et « sang impur », peu de drapeaux. Zéro signe d’appartenance à quoi que ce soit. Mais de brandis des stylos, des crayons et des photocopies « Je suis Charlie » en veux-tu en voilà. Libres aussi le tracé du défilé, il arrivait alors de côtoyer les voisins de manif dans telle rue, de les perdre de vue dans telle autre, puis de les retrouver au hasard d’une avenue adjacente. Libres encore par ce sentiment partagé d’être ensemble, d’être bien ensemble entre indignés mobilisés. Libres, parce que nous y étions venus marcher pour continuer à être libre.
Dans ces rues, j’étais corpuscule mais tantôt onde, immergé dans un flux. Et chacun avec bonheur s’y retrouvait ainsi. D’être-là pour une fois ensemble. Et en additionnant les villes, une manif de près de quatre millions de personnes ne se réfute pas. Et ne se « récupère » par personne. Se contente irrésistiblement d’émerger, de peser son poids de réalité. Pas mal pour un pays plombé de pessimisme, de déclinisme, de méfiance envers les autres. Il y a une intelligence des foules. Beaucoup de grands sentiments se mêlaient dans les têtes, qui n’avaient pas besoin de s’exprimer, chacun comprenait, s’accordait aux sentiments des autres.
Tous ensemble dressés contre le crime, la bêtise, l’infâme, l’atroce vulgarité… Avoir dit ou montré ça à cette échelle, ça fait tout de même plaisir et c’était sacrément rassurant.
D.D
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françoise Sur 17 janvier 2015 à 8 h 20 min
« Le désir de ville, écrit Jean-Paul Dollé, se conjugue toujours avec celui du grand large. »…
Alors, oui, ce déferlement, ce bruit de galets roulés…ne deviendront-ils pas seulement un souvenir d’écume?
« Le prodige, c’est l’idée de rencontre, non pas tant la volonté de se voir que la possibilité de faire quelque chose d’autre. » (Dollé)…