Rideaux rouges. N°424.

Nous venons de refaire nos studios. C’est mieux maintenant. Beaux lambris bois ton naturel, belle table ronde bois et verre, plafond jaune miel. Sol tapis jonc de mer. Oui c’est bien. Bon boulot les gars! Et puis nous venons d’accrocher des rideaux rouges, comme ouverts sur un théâtre où le vrai et le fictif ne se distinguent pas (formule de théâtre).

Car si le théâtre devait être associé à une couleur, paraît-il, ce serait au rouge. Mais dans les cinémas aussi l’on en trouve des rideaux rouges. Alors pourquoi pas dans nos studios où chaque ancienne fenêtre obstruée (pour l’insonorisation) est surmontée désormais d’un grand rideau de pourpre. Dont l’effet induit comporte deux versions au choix : la première, le rouge, on le sait, excite : c’est le feu et le sang, l’amour et l’enfer, c’est aussi la couleur de la Révolution, de la fête, de Noël, du luxe, du spectacle, de la passion… ; la seconde, de sa teinte émane une chaleur rassurante, une certaine quiétude. Résiderait en conséquence dans ces rideaux rouges, une poésie tragique.

Puis pour structurer l’espace magique, entre planches et rideaux rouges, une table ronde. Ton bois clair, merisier, et verre pour la circonférence. Dans l’esprit du logo (saturne avec son anneau, comme nous l’avait conçu et gravé Julie).

Petite recherche sur internet pour en connaître la symbolique de la table ronde: de par sa forme ronde, elle représente l’égalité de l’homme, car personne ne peut se trouver au centre de celle-ci.(…) Si l’on se base donc sur cette théorie, qui fascinait les écrivains du Moyen-Âge, la table ronde est une représentation d’un communautarisme égalitaire, une forme simplifiée de ce que nous appelons actuellement « la politique » Voir ceci. Et puis ça.

L’on y parle de la « table qui tournoie ». Eh bien, la nôtre comporte aussi en son centre un plateau tournant. Pour se passer les plats. Laissons-nous prendre par ces deux significations : « table qui tournoie » et table pour en faire tout un plat (micros et temps de parole).

D’ailleurs à ce propos je vais vous conter une histoire. Vraie histoire. Un thèsard en histoire médiévale de l’université Rennes1 affirme depuis peu, preuves à l’appui que la vraie légende de Merlin l’enchanteur, de la fée Viviane, et des chevaliers de la Table ronde se situe non dans la forêt de Brocéliande (Paimpont), comme cela se dit depuis longtemps, mais dans la forêt ancienne qui s’entendait de la forêt de Villecartier (Trans) à la forêt Dumesnil (Saint Pierre de Plesguen), recouvrant Cuguen entre autres. Donc précisément, ayant trouvé des traces qui viennent vérifier son propos,, selon lui c’est autour de Combourg que se situerait la vraie forêt mythique de la légende du roi Arthur (la Dame du Lac, le jeune Lancelot, …). Ah ! la force de la forêt …

Forêt d’autrefois, forêt médiévale, bien sûr. A ce propos, la perte d’invention de contes est-elle contingente au déboisement des sols ? Car d’une forêt jalonnée de panneaux directionnels et de fléchages pour VTT, randonnées, etc…à quoi ça fait rêver ? Ou peur? D’ici peu, une fois sécurisée contre les pédophiles, pourrons-nous compter encore sur la forêt pour qu’elle nous sorte de ses feuillages une quelconque légende?

De toutes façons, c’est comme tout, contes et légendes s’altèrent dans le temps. Disons qu’il y aurait l’utilisation de matériaux disponibles pour créer quelque chose de nouveau avec cette thèse d’historien. Et de quoi constater là encore que l’histoire est une création continuée. Euh! à la condition peut être d’aller chercher côté polar de nos jours…Pas s’attendre à un conte. Un polar qui mettrait en scène une lutte entre significations imaginaires : oui, pas mal! la légende de Brocéliande contre celle de Combourg ! Mêmes personnages, mêmes contes, même tribu, mais pas le même lieu ! Un polar sur fond de trafic touristique et d’usage de faux fait de dépliants, de guides en tout genre, de pancartes de quatre voies, de sites internet vengeurs, etc…

Bon je ne vais pas quand même en faire une tonne sur l’aménagement de notre local à radio, mais ceci-dit du résultat nous en sommes quand même assez fiers…vu l’improvisation!

D.D