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Retour à quelques vieilles notes… romantiques. N°1188

Écrit par sur 19 février 2025

D’où elle prend corps, c’est-à-dire d’où elle est située, La Chronique de ce jour retisse sa toile au pays dit Bretagne romantique, cette fois après avoir remis la main sur quelques vieilles notes de réunion. Celles-ci retracent une rencontre datée du 03/07/1999, qui s’est tenue au Centre Leclerc de Saint-Grégoire (35) – pas très romantique-, entre d’une part, l’écrivain, éditeur et directeur-fondateur du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, Michel Le Bris (1944-2021) et Christian Rolland, homme de radio et animateur de ce même festival; et d’autre part, M.T Sauvée, maire de Combourg à l’époque et moi-même.

Après avoir examiné l’aspect du romantisme sous l’angle purement local (lieux, autres écrivains…), il nous était venu l’obligation d’élargir le romantisme de l’illustre Chateaubriand au « mouvement romantique » moins réducteur. Je précise : c’est à notre initiative que cette rencontre fut mise sur pied, dans l’idée d’explorer l’hypothèse d’un festival local sur ce thème jusque là déserté par les foules.

D’abord le conseil de Le Bris, pour un festival, la question du lieu est essentiel : salle, théâtre, place, lieu convivial,… permettant l’éclatement du festival en plusieurs évènements, chacun constituant une entrée particulière pour publics différents. Combourg, seule, ne semblait pas être porteuse : trop liée, selon lui, à Chateaubriand qui est un « continent englouti que personne ne lit et qui rebute les jeunes. »

Michel Le Bris, par ailleurs, reconnaissait qu’une  » bonne part du succès d’Etonnants voyageurs réside dans le nom de Saint-Malo. »

Qu’était-ce donc alors ce « mouvement romantique » qui aurait permis de mieux susciter l’intérêt du public ? Le Bris donna le ton de ce qui allait suivre : il convenait de revenir à la source. Ainsi, nous a-t-il dit, ce sont les romantiques qui ont collecté les premiers les contes et chants populaires en Bretagne.

Plus loin, ce sont les mêmes que l’on retrouve à l’origine de courtes scénettes populaires, écrites rapidement pour être jouer dans de petits théâtres – Pierre Brasseur (père) fut le dernier des comédiens de ce type. Quant au romantisme musical, celui-ci consistait en de courtes compositions musicales destinées à être jouées dans des salons en trio de copains (Chopin, Liszt,…).

A cette même époque, dans le dernier quart du XIXe siècle, l’on assiste au développement de la presse qui, suite à une succession rapide de progrès technologiques (la rotative, par exemple), fait basculer l’éditeur de presse du monde artisanal vers l’industrie en quelques années – lire ici. Dans leur recherche à fidéliser le lecteur mais d’abord au remplissage des pages, ces journaux ont eu alors l’idée de solliciter ces jeunes écrivains d’esprit romantique comme Alexandre Dumas -lire ici, Théophile Gautier, Eugène Sue, etc. D’où ces roman-feuilletons qui deviendront une rubrique indispensable à la grande popularisation des titres de presse. Si bien que ces auteurs seront « au centre de la lecture, au centre de l’idéologie, au centre de l’imaginaire ».

Capables d’écrire vite, car il leur fallait rendre leur copie quotiennement pour ainsi tenir ce nouveau lectorat en haleine et satisfaire la commande, ces écrivains sont alors allés puiser à la source d’inspiration que sont les contes celtes. D’où ces sagas de capes et d’épées, réécrites et retransposées à la Ville d’Ys pour en faire un conte mythologique. Et pour les illustrer, la grande tradition de graveurs bretons (Art oublié) proche de la fabrication du papier, à Morlaix beaucoup car spécialisée à cela, fut mise à pied d’oeuvre – photo ci-contre.

Malgré ces pistes d’actions offertes sur un plateau par ce grand spécialiste du romantisme, en particulier du romantisme allemand, qu’aura été dans le milieu culturel hexagonal Michel Le Bris, cette hypothèse de festival autour de cette idée d’un « mouvement romantique » ré-actualisé en ce « berceau du romantisme » – politiquement rattaché à la droite: esthétiquement aux ultra-conservateurs – « Prix Chateaubriand »: Zemmour, Raspail, etc.- et socialement à la bourgeoisie-, est restée lettre morte. Car il demeurait à en réactualiser le sens dans le contexte historique d’aujourd’hui, à en affiner les modalités techniques – l’innovation numérique pour tous- en se rapprochant d’un spécialiste de la communication, et, plus difficile encore, de convaincre un.e artiste reconnu.e à porter cette idée – il était néanmoins prévu de se revoir en septembre.

Préalablement à cette rencontre, un an avant, Michel Le Bris avait tenu une conférence sur ce thème à la bibliothèque municipale. Un compte rendu du bulletin municipal de l’époque en témoigne : « Pendant plus de trois heures et sans aucune note, Michel Le Bris a passionné son auditoire en l’entretenant du Romantisme. Certes, on a pu être quelque peu désappointé de ne pas l’entendre parler davantage de Chateaubriand qu’il situe à part en le gratifiant d’un style d’écriture inimitable, mais pour lui, le romantisme français, c’est la révolution de 1848 avec pour emblème Victor Hugo. Les références sont si nombreuses, si solides qu’on ne peut qu’être émerveillé par tant d’érudition et de pertinence. (…) Et pour conclusion, une superbe définition à méditer :

« Le romantisme c’est le défi des vulnérables aux infaillibles ».

Sans nostalgie ni passéisme, cette citation, en tant que telle, a des perspectives qui nous parlent encore. Tirée des entrailles de ces quelques vieilles notes où la fraîcheur a trouvé sa place pour en sauver ce témoignage. Voici donc.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de la Bretagne romantique. Ainsi qu’autour de Michel Le Bris et du romantisme.

 


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