«psaume d’actualité». N°982
Écrit par admin sur 3 mars 2021
Dans un article publié en septembre 2020, par la revue internationale de médecine The Lancet, il est écrit que le « Covid-19 n’est pas une pandémie ». Parce que ce nom « pandémie » n’a rien à voir avec la biologie, mais avec la dystopie (imaginaire despotique).
Sans nier le virus, l’intubation et les brancards, dans un texte-manifeste « De la démocratie en pandémie » soutenu par des professionnels des hôpitaux, la courageuse philosophe Barbara Stiegler voit ainsi s’installer un « continent aux contours flous et évolutifs, mais qui risque de durer des années, et pourquoi pas des siècles et des siècles ». Il va sans dire que les termes en usage mettent aux pas: « distanciation sociale », « état d’urgence », « relâchement », « couvre-feu », « clusters ». Autant d’expressions qui visent à nous paralyser sur le champ « sans consultation ni négociation ». Responsable à l’université Bordeaux-Montaigne du master « soin, éthique et santé », Barbara Stiegler qui pointe le démantèlement des systèmes de santé comme facteur responsable de la propagation du virus, y voit venir, rampant mais sûrement, l’imaginaire et les normes d’un « nouvel ordre moral ».
Pour une réflexion troublante qui questionne, ça en est une. Inéluctablement, un truc mauvais en évoque un autre. Qui amène à méditer sur la fermeture de tout lieux de culture. Dont un paquet ne s’en relèveront pas, ce qui rend ce secteur très sincèrement nerveux.
Une culture copieusement expurgée desdits « biens essentiels » à propos de laquelle Cornélius Castoriadis, autre philosophe et pas des moindres, apportait cet éclairage en la définissant ainsi: « La spécificité de la place de la culture dans une société démocratique – par opposition à ce qui était le cas dans les sociétés non démocratiques – consiste uniquement en ceci, qu’ici la culture est pour tous et non pas pour une élite définie ainsi ou autrement. (…) la culture chaque fois existante doit être mise à la disposition de tous, non seulement « juridiquement » (ce qui n’était pas, par exemple, le cas en Égypte pharaonique), mais sociologiquement, au sens de son accessibilité effective – ce à quoi sont supposés servir aussi aujourd’hui l’instruction universelle, gratuite et obligatoire, comme encore les musées, concerts publics, etc. (…) Appelons culture tout ce qui, dans le domaine public d’une société, va au-delà du simplement fonctionnel ou instrumental et qui présente une dimension invisible, ou mieux impercevable, positivement investie par les individus de cette société. Autrement dit, ce qui, dans cette société, a trait à l’imaginaire stricto sensu, à l’imaginaire poiétique, tel que celui-ci s’incarne dans des œuvres et des conduites dépassant le fonctionnel. Il va sans dire que la distinction du fonctionnel et du poiétique n’est pas matérielle [n’est pas dans les « choses »]. » (C.Castoriadis – La culture dans une société démocratique).
S’entend ainsi la culture dans une société démocratique, culture pour tous et démocratie les deux termes sont étroitement liés. Dans les conditions de malaise démocratique qui a cours dues à « une société de dispersion » (Jacques Rancière – les Inrocks, fév 2021), on imagine d’ici l’immense éclat de rire qui se serait dégagé du jeune corps de Rimbaud Communard s’il avait connu pareil moment. C’est pourquoi, pour tout commentaire, la Chronique de ce jour cède sa place à une captation culturelle et démocratique, pour tous, saisie sur la page FB de l’écrivain et poète Bernard Bretonnière. Pour un «psaume d’actualité» de l’homme aux « semelles de vent », particulièrement en phase avec le 150e anniversaire de la Commune de Paris.
« LE FAIT LITTÉRAIRE DU JOUR
FRANÇOISE Sur 4 mars 2021 à 10 h 17 min
Simplement ajouter ici que Le Dictionnaire de la Commune, publié en 1971 par Bernard Noël, va être réédité par L’Amourier, le 28 mars prochain.
» Les hommes, les faits, les sentiments, les idées, la vie quotidienne sont les principaux matériaux de ce Dictionnaire de la Commune. Sa composition affiche l’arbitraire de l’ordre alphabétique et démonte par là le récit même qu’elle appelle et alimente : c’est un texte sans hiérarchie, sans chronologie et, par nature, pluriel. L’événement s’y démultiplie et retourne à cet état de chantier que l’histoire a pour habitude de nier en faisant de lui un monument fini. Sur ce chantier le texte demeure en état de travail : il permet d’établir des rapports entre toutes les parties de l’« histoire » mais il n’achève aucun de ces rapports afin de s’en approprier l’intelligence et le mérite – ceux-là sont laissés au lecteur. Pas de vérité toute faite, uniquement des relations que la lecture établit pour s’en aller à la recherche de la vérité. » (Bernard Noël)