Porte d’entrée. N°433.
Écrit par D.D sur 1 juillet 2010
Nous sommes heureux de faire savoir que la municipalité de Cuguen vient de changer la porte d’entrée de nos studios de radio. Eh bien ça nous enchante! Agréable moment! Rien d’exceptionnel, entretien normal de bâtiment communal car il était temps direz-vous, alors? Si, quand même, un peu. Depuis lundi, viennent donc d’être posées une porte d’entrée en chêne clair et son bâti avec en partie haute un imposte fixe. La porte est composée d’une partie haute vitrée d’une partie basse avec des panneaux à plate bande d’un seuil aluminium, d’une serrure, et les vitrages sont isolés. Attention, notons c’est une porte d’entrée-sortie…je blague.
La porte c’est un objet architectural particulier : « Huis est le nom tombé en désuétude pour la porte, le « huis clos » ou porte fermée, est le souci de ne pas transmettre d’informations lors des jugements et des affaires politiques. Les « portes ouvertes » montrent le souci de transparence de la communication d’informations des organisations » (wikipedia) Pour illustrer le propos je vous renvoie à l’audience à « huis clos » de Domenech qui s’est tenue ce jour à l’assemblée nationale.
Donc qu’est-ce qu’une porte? Procédons encore à une petite dissection : « La fonction symbolique de séparation et de réunion, sa forme pouvant être anthropomorphique religieuse philosophique ou politique, est une constante de la porte. La porte est la bouche ou le nez à côté des deux fenêtres-yeux de la maison de famille dessinée par l’enfant en maturation psychologique, quel que soit l’endroit où il habite. La porte est la limite entre le monde naturel et le surnaturel du caveau de cimetière, la limite entre le sacré et le profane dans l’église, dans le domicile, du torii (porte de sanctuaire shintô). La porte du taoîsme chinois est entourée de huit trigrammes saison-ciel, la porte du monument grec respecte l’Ordre architectural en représentation du Cosmos. Historiquement, la porte ne peut être franchie par les poursuivants de personnes se réfugiant dans les lieux sacrés ou diplomatiques d’asile, inversement la porte de la zone internationale d’aéroport ne peut être franchie que sous conditions. » (wikipedia)
Voyez ! combien prend-on l’objet ici très au sérieux. C’est une porte oui mais pas n’importe quelle porte, en plus d’avoir le mérite de la clarté, elle est quand même de chêne clair. Pas neutre ce ton : Cuguen ne signifie-t-il pas en breton : coët gwen « bois blanc » ? Pas neutre non plus ce bois : le mot « chêne » trouverait son origine chez les celtes « kaerquez » qui signifie « bel arbre ». Le chêne représente la force et la pérennité. Ah! cette porte a une vraie belle allure !
Mais est-ce bien raisonnable de s’attacher à autant de détails? Il y a encore mieux : voyons voir du côté philosophique. Il est dit que c’est dans le Phèdre que Platon marque avec le plus de lucidité la rupture qui affranchit la connaissance philosophique de l’ancienne connaissance prophétique, par transe ou possession, de l’âge pré-rationnel. Il fut un temps, rappelle Socrate, où, pour connaître la vérité, il suffisait d’écouter la voix du dieu présent dans le sanctuaire en faisant l’économie des oracles : « Mon ami les prêtres du temps de Zeus à Dodone ont affirmé que c’est d’un chêne que sortirent les premières divinations. Les gens de ce temps-là, qui n’étaient pas savants comme vous, jeunes gens, écoutaient fort bien dans leur simplicité un chêne ou une pierre, si le chêne ou la pierre disaient la vérité » (275 b-c). Autrement dit (mais n’allez pas penser à mal) écouter un chêne à l’époque c’était un peu comme regarder la télé de nos jours. Oh dis! d’ici qu’un jour on en revienne au chêne…
Bon, tout ça pour vous avouer combien, en qualité de locataires (1&2), nous sommes honorés par le choix communal, et remerçions bien fort le conseil municipal de Cuguen!
D.D