Poids lourd sur voie ferroviaire. N°500
Écrit par D.D sur 19 octobre 2011
Le bouquin du philosophe et historien de la philosophie Pierre Hadot m’était tombé des mains, littéralement soufflé. Suite à la percussion d’un poids lourd par le train dans lequel je voyageais. A la traversée d’un passage à niveau de campagne. Je ne vous décris pas la scène, elle est disponible sur internet.
Je lisais alors au moment du choc, dans «Qu’est-ce que la philosophie antique?» comment les épicuriens mettaient l’accent sur la dimension existentielle et vitale. Les mots d’Hadot semblaient rouler.
« Plaisir enfin de prendre conscience de ce qu’il y a de merveilleux dans l’existence. Savoir tout d’abord maîtriser sa pensée pour se représenter de préférence les choses agréables, ressusciter le souvenir des plaisirs du passé et jouir des plaisirs du présent, en reconnaissant combien ces plaisirs présents sont grands et agréables, choisir délibérément la détente et la sérénité, vivre dans une gratitude profonde envers la nature et la vie qui nous offrent sans cesse, si nous savons les trouver, le plaisir et la joie.
La méditation de la mort sert à éveiller dans l’âme une immense gratitude pour le don merveilleux de l’existence: « Persuade-toi que chaque jour nouveau qui se lève sera pour toi le dernier. C’est alors avec gratitude que tu recevras chaque heure inespérée. Recevoir en reconnaissant toute sa valeur chaque moment du temps qui vient s’ajouter, comme s’il arrivait par une chance incroyable. » E.Hoffmann a admirablement dégagé l’essence du choix de vie épicurien, lorsqu’il a écrit: « L’existence doit d’abord être considérée comme un pur hasard, pour pouvoir ensuite être vécue totalement comme une merveille unique. Il faut d’abord bien réaliser que l’existence, inexorablement, n’a lieu qu’une fois, pour pouvoir ensuite la fêter dans ce qu’elle a d’irremplaçable et d’unique. » J’en étais à ces pages 195/196.
Puis survînt le chaos. L’inhumanité? (en rapport avec le monde accéléré). L’effroi. La douleur. La mort. L’épouvante, l’horreur qui soudain atteignent le monde. Qui atteignent les corps. Qui broient les vies.
Après l’accident, parmi les débris j’ai recherché ce livre sous le siège duquel j’avais été projeté. Un petit livre de même taille s’y trouvait. Je l’ai pris. Plus tard j’ai découvert que c’était celui d’un(e) autre passager(ère) dont je ne connais pas l’état. Son titre: « Des corps en silence » !
D.D
Françoise Sur 19 octobre 2011 à 20 h 01 min
« Des corps en silence » de Valentine Goby ?
…Un camion la dépasse. Elle fixe la cabine rouge. […] Sur le plateau coulissant du camion, trois voitures aux carrosseries enfoncées, vitres brisées, pare-chocs arrachés, pneus éclatés, mal recouvertes de bouts de bâches plastique claquant contre les carrosseries ou se détachant lentement, s’envolant en charpie transparente contre le ciel bleu mat…
L’était déjà dans « l’ambiance » ce(tte) passager(e) là…
Françoise Sur 20 octobre 2011 à 7 h 36 min
Et, c’est promis, ce genre de catastrophe n’existera plus.
Il y a en effet des moyens techniques ultra simples qui permettraient d’alerter en une fraction de seconde tout conducteur de train d’une obstruction de la voie à hauteur d’un passage à niveau.
Il suffit de jeter un coup d’œil au salon Milipol qui se tient en ce moment à Paris. « Ce salon met en scène avec la collaboration de la Sécurité Civile, de la Police et de la Gendarmerie Nationales, différents scénarii illustrant leurs actions, interventions et innovations » On apprend qu’il y a un « Espace Risques Majeurs » (que de belles MMMMMajuscules partout !). La Sécurité Civile monte un scénario dans lequel « une équipe de déminage intervient sur un objet suspect qui présente des signes de chargement chimique ». La Police mime un attentat terroriste. La Gendarmerie Nationale enquête sur un trafic de faux médicaments, élaborés à partir de produits chimiques dangereux, et en vente libre sur internet…
Partout il est question de détecteurs ultra-rapides, ultra-sensibles, de super logiciels qui en temps réel, qui « in situ »…
Des Drones gros comme des libellules et presque aussi beau qui volètent et batifolent dans vos appartements pour filmer vos comportement suspects …
Aucune trace d’un camion qui entrave la voie ferrée d’une petite route de campagne…
A Saint-Médard sur Ille, la GGGGGendarmerie NNNNationale a trouvé la parade : elle va installer un radar juste un peu avant ce PPPPutain de passage à niveau, pour faire ralentir les dingues du volant (et ramasser, tant qu’à faire, quelques sous supplémentaires)…
Sauf que, sauf que…sauve qui peut, le camion responsable de l’accident, n’allait pas trop vite semble-t-il puisqu’il était immobilisé sur les voies….