« Perspectives ». N°952
Écrit par admin sur 6 août 2020
Rappelez-vous, nous nous posions cette question : le confinement derrière porte et fenêtre, sans possibilité d’outrepasser sa situation humanistique – ou dit autrement : ce que coronavirus nous inspire-, ça donne quoi ? Considérant que toute chose est plus qu’elle-même, posons-nous désormais celles qui suivent.
A savoir celles d’aujourd’hui. Elles me viennent d’un mail amical reçu ce dimanche : « oublier les chiffres en hausse, oublier, faire l’autruche, la tête dans le sable et advienne que pourra… avons-nous d’autres possibilités ? On se sent bizarres… des secondes de désespoir total que l’on chasse à la tapette à mouches, s’appliquer à voir le bon côté des choses… alors on cuisine, on lit… mais quelles perspectives ? »
Ses questions d’ordre perso sont si justes, si pertinentes qu’elles méritent une attention collective, » avons-nous d’autres possibilités ?… quelles perspectives ? «
A défaut de réponse perso à celles-ci, et plutôt que d’errer dans un vide chaotique, il me revient en tête quelques notions de dessin en perspective. Qui, en toute logique, commence par définir … un point ! Le point dans lequel nous sommes pour observer.
Admettons bien volontiers que nous sommes à un point à se ronger de soucis. En ce point d’abattement et au mieux, d’intime coercition mentale et physique, contre le sentiment d’impuissance qui nous étreint je soupçonne sans crainte d’un démenti, que la prise en compte de ce même point est inhérente à toute construction de perspective.
Par contre pour en déterminer précisément celui-ci, ma logique interne propre au dessin en perspective me conduit vers le point à partir duquel regarder. Mais quel est-il ? Puisque rappelons que tout est point, tout est centre du monde.
Eh bien, voilà. De quoi parle-t-on ? De perspective, examinons-en l’étymologie : » du latin scolastique perspectivus adjectif signifiant « relatif à l’optique », dérivé du latin perspectus, participe passé de perspicere ( « regarder à travers, regarder attentivement »), dont un dérivé nous donne aussi perspicace. »
En un mot : bien à la peine pour entrevoir à quels horizons insoupçonnés pouvons-nous prétendre, prenons garde au roulis du moment, soyons collectivement perspicaces !
D.D
FRANÇOISE Sur 10 août 2020 à 10 h 49 min
A retardement…
Bien sûr cette « histoire » de perspectives me conduisait aux lignes de fuite de Gilles Deleuze et finalement j’aime assez bien ceci:
« Ce que les Grecs nous ont appris, comme le rappelleront Genet ou Vernant, c’est de ne pas nous laisser clouer à un centre établi, mais acquérir la capacité de transporter un centre avec soi pour organiser des ensembles de relations symétriques et réversibles effectuées par des hommes libres. » (Périclès et Verdi, Gilles Deleuze)