Pensée sauvage, etc. N°488
Écrit par D.D sur 27 juillet 2011
Désherber. A pleines mains. Son jardin. L’été. D’un été d’une année peu conforme à la morne répétition des saisons.
Préférer garder les plantes qui plaisent. Par goût, par attirance. Quelles sont-elles? Celles qu’on ne connaît pas. Celles qui se découvrent. Celles pour lesquelles une recherche sur internet s’impose. Plutôt arracher celles qui présentent des velléités hégémoniques. Ne pas arracher les petites plantes sauvages: les marguerites, les digitales, les petites fluettes comme la Centaurée très connue et appréciée chez les Grecs antiques.
Au fil des années, de nouvelles plantes sont arrivées. Nous sommes allés les chercher. Des médicinales. Que des médicinales. Pourquoi des médicinales? Sais pas. Pour leur beau plumage? Pas du tout. Pour leur usage en faveur de la détente et la relaxation, ou pour soulager les petits maux? Pas pour le moment, peut être un jour qui sait? Pour attirer des nuées d’insectes et papillons? Pas directement. Avant d’atterrir dans une théière à infusion, ou un civet de lapin, c’était pour sauvegarder la biodiversité quand, il y a vingt ans, la production en masse de simulacres ne s’était pas encore emparée de la question.
Mais en voici l’explication aussi: pour leur nom bien aimé. Elles sont donc arrivées dans le jardin pour leur nom, leur joli nom. Ont-elles bien failli brûler si le printemps avait dû continuer tout l’été? Ah! possible. Cependant pour les briser celles-ci, il en faut d’autre; car côté résistance, eh bien ces plantes-là sont petites mais costaudes. Vivaces toutes ou presque, elles poussent, croissent, se fanent, repartent.
Il y a la Sentoline, l’Angélique, le Bouillon blanc, l’Achillée, le Millefeuille, l’Alchemille, l’Aneth, l’Armoise, l’Aubépine,la Camomille, le Cerfeuil musqué, la Cousoude, le Coquelicot, la Coriandre, l’Eucalyptus, la Mauve, la Mélisse, la Menthe, le Millepertuis, l’Origan, le Romarin, la Sauge, le Souci, le Thum, la Verveine, la Violette. Et d’autres. Comment ça s’appelle ça? J’ai un trou. Voilà: l’Ail des ours.
Il y a aussi l’Alliaire officinale, le Nombril de Vénus. L’Eglantier des chiens et l’Egopode. La Pimprenelle. Si ça se mange? Faut connaître. Les plantes ne sont pas anodines.
La biodiversité dans le jardin. La culture naturelle des herbes. Quasi maternelle! Ah oui! il y a ça aussi dans notre jardin: le Raifort. Et quoi d’autre? L’Agastache oui, aussi. Mais elle en a été. Elle n’y est plus. Du moins, pas retrouvé. Il y a ça aussi: l’Oignon perpétuel. Et la Livèche. Pareil, il y en a eu, il n’y en a plus. Disparue. Pourquoi? Sais pas. Trop revêche? Admettons, pour la rime.
La Nigelle, il y a. Le Pourpier, la Rue, la Joubarbe aussi. Et la Verge d’or.
Ah! voilà ce qu’on cherchait fourrée dans le coin: la Valériane. Je refouine: la Pensée sauvage. Et c’est tout. Enfin, c’est tout…, c’est pas sûr. Voilà, ces noms sont agréables. Ah! le Lierre terrestre, on oubliait.
Ici, eh bien, j’ai la chance de passer mes vacances en douce immersion dans les parages de courtils familiaux. On y gratte. Dès que ça pousse dans un coin, ça coupe, ça taille, ça arrache. Le problème ce sont les coins. Des coins partout. Ici et là-bas. Combien? Plein. Cet été on se fait les 400 coins, pas loin… Fin juillet, les températures remontent, les précipitations s’estompent, la chaleur est dans l’air et le soleil en berne. Du coup tout pousse entre deux courants d’air. Sans se fouler, y a à faire.
Méditant sur le « Diogène au potager » avec en tête la joie de penser la simultanéité d’être autant habité par ma terre que dans un monde habitable. Et le désir pas réfléchi de relation avec les autres espèces à feuilles et racines, à l’abri de notre quotidien culinaire, les herbes.
D.D.
françoise Sur 27 juillet 2011 à 18 h 47 min
« La Pensée sauvage » comme celle de Claude Lévi-Strauss ?
Publié en 1962, ce livre a eu une influence décisive : Le professeur brésilien Eduardo Viveiros de Castro estime qu’ « en forgeant le concept fondamental de « pensée sauvage », [Lévi-Strauss] a montré que science, philosophie, art, religion, mythologie, magie etc. se déploient en réalité sur un même axe, celui de la connaissance humaine »
Mais Honoré de Balzac disait déjà : « Il n’y a rien au monde que les Sauvages, les paysans et les gens de province pour étudier à fond leurs affaires dans tous les sens; aussi quand ils arrivent de la Pensée au Fait, les choses sont alors complètes. » (Le Cabinet des Antiques)