« Nous pouvons », suite. N°715
Écrit par D.D sur 23 décembre 2015
C’est de bonne augure. Comme autant de louanges au soleil pourvoyeur d’idées et d’actions. D’autant que du même coup, de cette si proche péninsule ibérique il nous parvient à distance, ici même, fût-il de courte durée, un peu de chaleur d’insubordination.
Car si dans le même temps l’on assiste avec accablement à la triste et inquiétante dérive des autres sociétés européennes vers une droite tirée par son extrême, un terrain miné dès l’instant où dans le bourbier des petites phrases l’on ne pèse plus ses paroles, eh bien la situation politique actuelle de l’Espagne si proche présente, quelles que soient les précautions à prendre au regard de possibles rétro-projections, une force et un éclat enthousiasmant.
Mais on ne saurait établir de comparaison entre celle-ci et ces autres sociétés européennes, en premier lieu la nôtre – mais « notre langue est malade » dit Bernard Noël-, qui sont loin d’offrir un rempart infaillible contre les dérives autoritaires.
Redonnant figure rayonnante à la démocratie et désir de lumière, ce mouvement « Nous pouvons » (Podemos en espagnol) a permis d’élaborer des revendications sur la base de l’expérience d’acteurs sociaux et de beaucoup de jeunes que la précarité économique contraint à une existence dont l’essentiel de leur temps est à chercher du travail (50% des 18-25 ans sont au chômage). Ces revendications ont pu être mises en oeuvre et éprouvées par la prise de parole et l’action dans les instances collectives de la vie quotidienne.
C’est ainsi que nous sommes assez fiers d’avoir pu saisir in-situ, à Madrid –juste le temps d’un regard-, ce à partir de quoi ces espagnols siégeant alors à même le bitume, pouvaient viser un ailleurs. Excellents souvenirs de vocalises jubilantes et du flot volubile rendant l’air madrilène d’une douceur libératrice.
L’étonnant c’est que tout ceci a commencé assez récemment, au printemps 2011 dans les espaces civiques démocratiques pour protestation urbaine aux vertus décapantes : les places dans des dizaines de villes, avec pour agora centrale la Puerta del Sol de Madrid rebaptisée « place de la Solidarité ».
Où les mots retrouvaient tout leur sens, en reprenant leurs significations partagées. Pour se faire une idée de la réalité de ces cités démocratiques, lire cette analyse « En Espagne, le changement par les villes ? » .
Ah! La pensée communale a une résonnance particulière aujourd’hui. Car elle tente là-bas mais si près de nous, de se ré-approprier son destin à travers d’échanges les plus directs possibles. Soit une réponse à une exigence de « démocratie réelle », c’est-à-dire basée sur l’égalité absolue et inconditionnelle entre les personnes, et qui donc ne se limite pas à l’élection et à la règle de la majorité.
Ainsi fut créé en 2014, Podemos sur l’élan des Indignados de 2011 -mouvement qui tire son nom du petit livre « Indignez-vous! » de Stéphane Hessel (voir documentaire ci-dessous). Puissant moteur qui après avoir porté deux femmes aux mairies de Madrid et Barcelone lors des municipales de mai dernier, vient de recueillir 20,6 % des voix lors des élections générales espagnoles du 20 décembre 2015. Disputant ainsi au PSOE, piqué au vif par ce défi insolent, la deuxième place électorale du moment.
Le tout en ré-enchantant, sans rêvasserie chimérique apparente, par son enthousiasme et son optimisme, la démocratie espagnole -et pas seulement.
Alors sous ce soleil pourvoyeur de conscience éveillée, nous souhaitons ici à toutes et tous, de très Bonnes Fêtes de fin d’année paisible et heureuse !
D.D
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« Où en êtes-vous ? »
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Ci-dessous Indignados, un film documentaire français réalisé par Tony Gatlif.
« Nous appelons donc: un soulèvement pacifique contre l’utilisation abusive des moyens de communication de masse et la séduction de notre jeunesse pour la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie collective et de la concurrence sans limite – FFA. » (Stéphane Hessel – Indignez Vous).