Néandertal et nous. N°1116
Écrit par admin sur 27 septembre 2023
Il est toujours gênant pour une Chronique d’ordinaire rationaliste de proposer à ses lecteurs de rentrer en communication symbolique entre nous et les ancêtres. Qui plus est, avec nos grands ancêtres du Paléolithique supérieur ancien armoricain par le biais d’un biface. Biface qui m’a savamment été offert par la main même qui, en fouillant le sol, la remise à la lumière du jour. « Main-Coquillage « , je t’en remercie !
Que nos lecteurs soient rassurés, ce qui est dit ici s’appuie sur des données scientifiques. Ainsi, taillé dans des rognons de silex, le biface est considéré comme un « outil à tout faire, les bords tranchants peuvent servir à couper du bois, de la viande, racler les peaux ; la pointe peut également servir de perçoir ou pour déterrer des racines. » Mais je lis encore que ce biface est un des outils préhistoriques qui a le plus fasciné les chercheurs. Pour arriver à la conclusion, chez certains, que le biface pourrait être un « bel objet, source d’un plaisir esthétique ». Lire ici.
Telle conclusion peut déconcerter. Pourtant, rassurons-nous, les données collectées par ces chercheurs pointent bel et bien que déjà, pour nos grands ancêtres, l’usage que nous faisons des technologies est affaire de choix. Pareilles données nous amenant dans le même temps à mieux les apprécier, ils n’étaient pas automatiquement tous ces brutes épaisses adeptes de la chasse au mammouth. Peut-être même disaient-ils déjà à quel point le monde va mal, et à quel point le monde est merveilleux. Quoique les données collectées ne sauraient le dire.
Ce qu’elles nous disent c’est que le rapport technique au monde est proprement et d’origine celui de l’homme. L’homme naît artisan. C’est sa singularité. Qui s’oblige elle-même à être mise en acte, en oeuvre ou en labeur.
Le logiciel de conduite personnelle nous amène alors à imaginer qu’à force d’exercer cette activité ci-avant nommée, les Homo-sapiens que nous sommes avant d’être arrivés là où ils en sont de leur commune carbonisation en cours, ont pu survivre en traversant maintes conditions environnementales et météorologiques. Tout ça à partir de ce si beau biface dont on ne connaît pas encore le pourquoi du comment de son apparition dans nos mains comme ayant place, rôle et valeur. Lire ici ce qu’en dit le grand anthropologue Tim Ingold.
Sans parler le langage des machines (I.A-Intelligence artificielle), à l’âge actuel de l’humanité – qui repose, faut-il rappeler, sur une communauté de charniers, des famines, des suicides et des abrutissements-, il est possible de considérer qu’il y a là une clé précieuse, infinie et stimulante pour qui se demande où tout ça va nous conduire.
Pour ce faire, il nous faut s’exercer à l’écouter. Puisqu’elle symbolise l’activité humaine en oeuvre. Cette clé c’est ce biface aux solides qualités – pointe moustérienne du paléolithique néandertalien, 80 000-40 000 années. Qui, c’est à prévoir, n’a pas de réponse simple, peut-être même pas de « réponse » du tout.
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Tim Ingold.
FRANÇOISE Sur 28 septembre 2023 à 12 h 06 min
« L’éducation, déclare le poète irlandais William Butler Yeats, ce n’est pas remplir un seau. C’est allumer un feu. » Le seau offre de la certitude et de la prévisibilité, un point de départ et un autre d’arrivée, avec des étapes intermédiaires quantifiables. Il comporte des résultats, qui doivent être connus et compris avant même le début du processus. Le feu, quant à lui, nous expose à des risques. On ne sait pas ce qui le fera prendre ou non, combien de temps il brûlera, où il s’étendra ni quel sera le résultat. » (TIM INGOLD dans
L’anthropologie comme éducation)
Remplir des seaux… de racloirs, de pointes, de retouchoirs…c’est ce qui arrive au vigneron, ou n’importe quel promeneur qui farfouille un peu le calcaire de Dordogne par exemple…Mais ce qui est fascinant aussi c’est qu’un arpenteur , du Pays de Galles à la Grèce, du Portugal à la Russie, en passant par la Mongolie ou le Maroc, la Syrie…va remplir aussi son seau, des MÊMES « outillages Moustériens », des mêmes « beaux objets », de ces bifaces-sculptures… : Emergence simultanée, d’un geste, d’une volonté d’efficacité et d’ « un plaisir esthétique » …comme une onde de plaisir qui irradie toute la peau de la planète…comme une incandescence …on parle de feu, celui de la création et de l’art, celui de nouvelles perspectives permettant d’effacer l’idée de l’homme-singe encore vivace dans certains discours…On parle de feu…alors qu’il s’agit de silex, ça tombe bien non ?
admin Sur 29 septembre 2023 à 11 h 36 min
D’autant que, du silex au feu, ce n’était pas aussi simple qu’on le croit:
https://www.dailymotion.com/video/x8yqaf