Mathurin Méheut en son musée. N°1197
Écrit par admin sur 23 avril 2025
Pôle équestre majeur depuis deux siècles, le Haras de Lamballe accueille depuis 2022 en son sein le musée Mathurin Méheut. Originaire de Lamballe, cet artiste fut peintre, décorateur, sculpteur, illustrateur et graveur, c’est ainsi que ce nouvel endroit lui est entièrement dédié.
Qui plus est, de toute beauté tant par la qualité de ses oeuvres présentées, que par sa diversité qui montre combien cet artiste a touché à un tas de supports, toiles, tapisseries, marouflage, assiettes de diverses faïenceries dont Henriot de Quimper, carnets d’esquisses, jusqu’à la décoration de boîtes métalliques de sardines en chocolat.
Le tout sur un thème unique, la nature. Tirée d’une vie d’attention à celle-ci, en de multiples dimensions, formes, matières ou textures, elle se déploie dans ce lieu remarquablement reconverti sous une charpente de bois clair de toute beauté.
Méheut – qui signait (MM)- avait l’œil observateur et le geste rapide qui lui permettaient de s’imprégner lui-même des choses. D’où ces vies d’hommes au travail de la terre comme de la mer et de toutes ces espèces de faune et de flore qui s’enroulent à l’infini. Le tout développé s’apparente à une série d’empreintes laissées – au graphisme et à la coloration plutôt bruts- mais toujours présentent dans le monde directement sensible.
Faire passer, transmettre. De fait, par l’étendue et la diversité de l’exposition (200 oeuvres montrées sur les 6000 de la collection en réserves) en ce musée flambant neuf en un corps de bâti ancien des Haras publics, le relai inter-générationnel est là.
D’autant que, de nos jours, son impulsion généreuse même peut apparaître comme une revendication sur le présent. Au sens de n’oublier jamais qu’en Bretagne avec la vie comme avec le temps, la nature est là.
Arpentant labos et terrain, et dressant cette large fresque de là où il est allé, Méheut apparait habité par un sens naturaliste de l’avenir avec la force de donner à voir et à en sentir la proximité.
Bien sûr, toutes ces traces passées réunies en ces murs relookés font penser à une tranche de temps révolu et d’histoire. Ces traces racontent ce peuple que nous appellerions aujourd’hui » indigène » s’il n’était pas le nôtre. Pourtant face à la catastrophe environnementale qui se profile, nous devrions faire profil bas. Car face à cet énigme du temps qui vient, ce qui, tiré du passé, surgit là à la surface du présent nous enjoint urgemment à se relier au vivant et à cette force de vie dont témoignent ces traces laissées par l’artiste.
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de musée.