L’éclipse de l’esprit critique ? N°713

Ah ! Pas facile de mettre des mots quand on se sent sur le cul. Pourtant l’on s’oblige à en parler car se taire serait légitimer la situation. Qui pose des problèmes complexes, profonds et obscurs. S’ajoute cette sorte de chape médiatique qui englue. Par laquelle tout ce qu’on y entend bloque notre propre parole, notre propre pensée.

Mais s’il nous fallait reconsidérer notre action ici-même au regard de ce à quoi nous assistons avec effroi depuis dimanche, cela serait pour conforter la raison pour laquelle nous tenons à ces entretiens radiophoniques et ces chroniques.

Car comme ils en témoignent, nous honorons à notre modeste façon ce pour quoi la France est justement admirée de par le monde : l’esprit critique, la pensée rationnelle, la recherche historique.

Qu’est-ce que l’esprit critique ? C’est la faculté de remettre en question ce qui est. D’être capable d’exercer un esprit critique sur les institutions, normes, lois, etc.

Ou d’examiner attentivement une donnée avant d’en établir la validité.

Et puis l’esprit critique amène à revisiter les lectures simplificatrices de tel ou tel événement, comme la Commune de Paris par exemple.

Donc tout à l’opposé du discours FN qui en est une négation brutale.

Pour ce parti clairement perçu comme « d’extrême droite », selon un sondage, la société est « close », et l’esprit critique n’est pas concevable. C’est ce que l’on retrouve dans des sociétés unies par un fort sentiment religieux, ou dans des régimes totalitaires ou autoritaires interdisant toute remise en question des normes ou idéologies dominantes.

On saisit mieux la réalité de la crise actuelle, qui relève de l’éclipse de l’esprit critique, et de l’expansion de l’amnésie (« Les années trente, c’est quoi ? »). Face à l’efficacité de la puissance de la logique néolibérale amenant dans son sillage ces avatars néo-fascistes.

De ce point de vue, dans une période marquée par un désarroi intellectuel, social et politique accablant, ce qui se dit ici-même ne perd ni de sa pertinence ni de son impertinence. Au contraire. Plus que jamais, il y a à tenter de comprendre ce qui se passe.

D.D