L’écho de l’if résonne au-delà. N°1130
Écrit par admin sur 10 janvier 2024
Bonne année, chers lectrices et lecteurs ! Pour symboliser ce moment, la Chronique du jour a pour idée de présenter un arbre. Cet arbre date des Mérovingiens, il a donné son nom à la commune (yvin, if en breton). A ce jour, sa circonférence est de 8,30 m. C’est l’if-commun (if à espèce de baies rouges), très âgé il est constitué de troncs développés à partir du tronc initial devenu creux. C’est bien le cas pour celui d’Yviniac dans le Côtes d’Armor, plus précisément à l’arrière-pays de Dinan.
Voici ce qu’on en dit : « On suppose même que nos plus lointains ancêtres lui vouaient déjà un culte ; souvent planté dans les cimetières, l’origine de ce rite viendrait des Vikings pour qui il représentait le lien entre les vivants et les morts ; en Angleterre ils auraient été plantés massivement dans un but guerrier (confection d’arc) et certains pensent qu’au vu de sa toxicité le meilleur endroit était les cimetières. Quand le christianisme s’imposa en Europe les ifs (symbole païen) faillirent disparaitre des cimetières et autres lieux de cultes mais l’opposition du peuple à l’abattement de ces arbres fut si forte que les chrétiens récupérèrent ces rites païens et ces lieux rituels afin de symboliser la promesse d’immortalité dans l’autre monde. »
Disons que parfois, l’écho de l’if résonne au-delà. Au-delà de son cercle d’ombre. Qui porte une histoire et une mémoire infiniment précieuses en cette époque ténébreuse. On s’excuse de l’amener comme ça, mais parfois la Chronique se fait fort d’explorer les déphasages temporels entre des mondes anciens et des sociétés contemporaines dont les logiques tendent entre la constitution d’une origine fondatrice et le mythe d’un progrès illimité.
Puisque creux, puisque vide, cet if de lointains ancêtres dont on voue une « secrète » fascination, forme une enveloppe poétique et parfois même fantastique. A l’image métaphorique d’un itinéraire de vie d’audace tranquille, de sagesse insolente et de liberté indocile, sans lien de servitude.
Quoique, pour la plus récente de ses étapes-phares, l’usage de faire-valoir venant de lutins locaux – en Bretagne, les korrigans et fions sont assimilés à des lutins- n’est autre que frappé d’un imaginaire contemporain tragi-comique, tout aussi vide que l’est ce tronc d’if résonnant :
« Après avoir accueilli en simultané 58 personnes en 2017, puis 28 musiciens et chanteurs en 2018, pour à chaque fois des records d’Europe, l’if millénaire d’Yvignac-la-Tour, près de Dinan, a franchi une nouvelle étape ce samedi 30 avril. Sans entraînement, trente élus du pays de Dinan, munis de leur écharpe tricolore, ont réussi, vers 11 h, à se loger ensemble à l’intérieur du tronc creux de cet arbre remarquable, d’après une idée de Daniel Coulombel, un retraité de la commune passionné d’histoire et de patrimoine. Tentative de record du monde réussie ! » – voir vidéo ici.
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de l’ arbre.