La chronique des exilés. N°513
Écrit par D.D sur 18 janvier 2012
Regard sur la réalité de la société mondiale. A nos portes, l’évocation du destin du Titanic. Et de la Barque de Dante. Voici là un indicateur important des déplacements de population. Vu l’inflation médiatique, il apparaît bien que ce paquebot gras des croisières organisées se vautrant lamentablement sur les bords de côte d’une mer quasi-intérieure, agite autrement plus l’inconscient occidental que ces frêles esquifs de déracinés qui à bout de souffle et de forces s’écrasent chaque semaine contre les rochers de cette même mer.
Deux poids, deux mesures. Considérant le nombre de disparus sans commune mesure.
Pour les plus nombreux, ces embarcations de fortune des passeurs c’est le fil de l’espérance qui les tient et les relie à travers leurs marches, leurs errements, leurs tragédies, leurs destins. Voyage de l’espoir sur caisson qui déplace les rescapés du génocide, ou de la famine, ou de la guerre civile. Et toujours de l’interpellation à la frontière. Tous, du bébé au vieillard, ils vivent des expériences extrèmement dures. Contre le froid, contre la faim, contre la mort, pour être le plus libre possible. Dans ces radeaux de la Méduse, le désir de liberté et d’ailleurs. Et la force de l’espoir de nomades en souffrance à l’équilibre fragile.
Confrontation de destins entre mondes opposés. Collision entre cultures. D’un côté, la beauté de la condition humaine: l’espoir, l’exil, la migration, la quête universelle, une multitude de voix nouvelles. L’univers subjectif de l’expérience vécue. Qui parle de l’universel et de l’humanité depuis ses fondements…
De l’autre, sa petitesse: le rétrécissement du monde, le consommateur en complet confort, le profit, la figure du touriste riche international hors de tout dialogue culturel fondé sur la réciprocité.
D.D