Hum…Affaire à suivre…N°478.
Écrit par D.D sur 18 mai 2011
Les désirs fondamentaux de l’homme auraient-ils pu changer depuis l’Antiquité ? Tout a été dit en ces temps lointains. La richesse, le pouvoir, les honneurs du côté classe dirigeante ; le travail, ou le bonheur familial ou la santé du côté commun des mortels.
Si la drague lourde et l’étendard élevé du vigoureux notable pressé du Fonds monétaire s’inscrit là dans la longue, longue tradition -si finalement se confirme l’accusation- de l’hybris ou la perte des limites, le commun des mortels demeure dans l’esprit des puissants une pâte malléable, une jupe juste à retrousser, un outil à empoigner ou un objet dont on en retire des avantages, c’est connu. Distraction? Déflagration!
Ah ! J’aimerai verser dans l’hypothèse du complot, mon réflexe des premières heures. Mais dit-on les faits seraient là. Dérapage qui reste à prouver, évidemment.
Ce qui n’empêche pas cette émotion. D’où vient-elle ? Image du matin. Image qui fait le tour du monde. DSK, marche, les mains dans le dos, menotté. On se dit qu’il est un salaud mais on est quand même ému. Quelle est alors cette émotion ressentie. Pour l’homme ? ou pour soi car on se sent humilié par cette image ? Et on se dit que peut-être, pas possible, sorte d’attentat politico-je ne sais quoi…mais émotion quand même.
Saloperie d’espoir qu’il incarnait un peu quand même. Ce retour de situation absolument incroyable de la Chambre 2806 c’est le genre de truc qui use l’électeur. Tous les cons alentour le savent, l’heureux pitbull pro-américain profite désormais des Champs Elysées pour nous en remettre une couche d’injustice, de haine sociale, et de politique en faveur des puissances d’argent qui vont encore l’emporter avec un scénario à l’américaine: un joli retour sur investissement. Désespérons.
Mais, non. Permettez, je ne sens pas le truc. Comme 57% de mes compatriotes selon sondage. Je vais vous dire ce que je pense: grand mal à gober. D’autant qu’il y a une autre bête traquée: Julian Assange de WikiLeaks. Piqués tous les deux pour une affaire de fesses alors qu’ils avaient l’un et l’autre le nez dans les affaires sales du monde des puissants. Accusation. Arrestation. Elimination.
Et puis ce n’est pas tout. Je sors tout juste du salon « maîtrise des risques-qualité de vie au travail » qui se tient à Rennes Saint-Jacques. Les conférences les plus fréquentées -on y refuse du monde- portent sur la Prévention et Gestion des Risques Psychosociaux. Le signe du malaise…moderne. Et à mon grand étonnement il m’est revenu alors l’image de DSK! Etrange. Qu’avait-il à faire avec ça? Hum…Stress. Perte de concentration sur l’instant. Autodestruction. Hum…En quelque sorte ce type, d’ordinaire les yeux chahuteurs, aurait pu se sentir prisonnier d’une situation. Hypothèse jamais évoquée. Pourtant possible. Affaire à suivre…
D.D
Françoise Sur 19 mai 2011 à 8 h 55 min
« What do you think ? »
« What do you think ? »
Cette question coupe toujours mon élan. Ici, j’aime répondre à chaud. Pas même répondre. Un simple dé bobinage de ficelle que l’on suit dans l’évocation d’un surgissement provoqué par la chronique…
« What do you think ? »
Rien.
Les cars Guilloux-Durand.
Mon père avait rapporté à la maison un stylo bille. Un petit cylindre en plastique transparent contenant un liquide un peu épais dans lequel montait ou descendait un petit tout petit car sur lequel on pouvait lire toutefois « Guilloux Durand »
Désir de subtiliser le stylo pour le montrer aux copains-copines. Désir de le casser parfois pour tenter de comprendre la viscosité du liquide. Mais toujours cette sorte de fascination devant ce ludion.
« What do you think ? »
Mais au fait qui pense aujourd’hui ? Où sont ceux qui pensent ? Suspension de la pensée ?
Grande-immense-belle librairie Sauramps à Montpellier, l’autre jour, de laquelle on ressort avec Barbapapa chez les Dinosaures. Rancière, Badiou, où êtes vous-ou-ou ?
« La parole, l’écriture, le geste, bref, le style de la pensée allant au-delà de la philosophie, de la métaphysique et de la pensée de survol ou étroitement et unilatéralement engagée ne peut que connaître une mue. La pensée en question et en suspens doit tout faire pour ne pas s’hypostasier et ne pas renoncer. Agissante, mais non pas toute-puissante ou immédiatement effective, poétique mais non vaticinante, intense et sereine tout à la fois, elle est obligée de prendre en compte – et de pouvoir en rendre compte -les situations extrêmement douloureuses qui ne cessent, elles non plus, d’advenir et qui ont pour nom: faim et tortures, répression, prisons et exterminations, morts sans phrases ou même avec. Mourants et morts de tous bords demandent l’accès à la parole, car eux aussi sont en suspens. »
Kostas Axelos . Ce qui advient.
« What do you think ? »
Rien. Je suis ce ludion. Du verbe être mais aussi du verbe suivre.
DSK. Fascination, stupeur, oscillation, je « ludionne »…je me révolte, je dis tant mieux, je dis c’est pas possible, je dis complot, je dis, je dis pas. Ballotée par des infos qui n’en sont pas.
« Fenêtre sur le chaos » écrivait Castoriadis :
« Nous passons la plupart du temps notre vie à la surface, pris dans les préoccupations, les trivialités, le divertissement. Mais nous savons, ou devons savoir, que nous vivons sur un double abîme, ou chaos, ou sans-fond. L’abîme que nous sommes nous-même, en nous-même et pour nous-même; l’abîme derrière les apparences fragiles, le voile friable du monde organisé et même du monde prétendument expliqué par la science. Abîme, notre propre corps dès qu’il se détraque tant soi peu -le reste du temps aussi, d’ailleurs, mais nous n’y pensons pas; notre inconscient et nos désirs obscurs; le regard de l’autre; la volupté, tenacement aiguë et perpétuellement insaisissable; la mort ; le temps, sur lequel après vingt-cinq siècles de réflexion philosophique nous ne savons toujours rien dire; l’espace aussi, cette incompréhensible nécessité pour tout ce qui est de se confiner dans un ici ou ailleurs; plus généralement, la création / destruction perpétuelle qui est l’être lui-même, création/ destruction non pas seulement des choses particulières, mais des formes elles-mêmes et des lois des choses; abîme, finalement, l’a-sens derrière tout sens, la ruine des significations avec lesquelles nous voulons vêtir l’être, comme leur incessante émergence. »
Ou encore ceci dans les Domaines de l’homme (les carrefours du labyrinthe -2)
« Ici encore, le grand poète est plus profond et plus philosophe que le philosophe. « Ce qui est maintenant prouvé a d’abord été purement imaginé », écrivait William Blake. »