Frayeur du temps. N°484.

Début de semaine. Première grosse frayeur, j’ai cru que les archives de ce site s’étaient faites la malle. Un virus chopé en cours de route et hop ! le disque dur externe flingué s’est vidé de son contenu. Le fond entier d’archive de chroniques anciennes disparu, irrémédiablement démantelé à jamais. Tel une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour. Rien dans les mains rien dans les poches. Voilà pour l’archive texte, notre bibliothèque.

Seconde grosse frayeur, l’essentiel de nos données audio (mp3) est en rade sur un espace de stockage auquel nous n’avons plus accès. La crainte c’est que 15 Go soient effacés illico-presto. Je tente en vain pour l’instant de rapatrier ces fichiers dont on espère qu’ils ne sont pas passés à leur tour par la case « sans espoir de retour ». Galère ! Et voici pour l’archive sonore, notre phonothèque.

Ce soir, 19 h. Je passe sur les difficultés de joindre les bons interlocuteurs et des interminables délais d’attente musicaux que chacun connaît. A force d’insistance, retenons la bonne nouvelle : il semblerait que tout soit rapatriable finalement! Même le plus petit brin d’herbe…numérique! C’est encore au conditionnel. Tout ça n’a l’air de tenir qu’à un fil. paraît qu’on a frôlé la catastrophe.

Après coup, ces sueurs froides révèlent des choses intéressantes : sommes-nous tant attachés au passé? Euhh…Qu’est-ce qu’une archive alors? Ffff…Qu’est-ce qu’une information sinon? Eh bien, l’information consiste en toute donnée qui livre la trace d’une action, d’un fait. Et ça, pas question de balayer d’un coup d’un clic d’un seul.

Bon c’est plus clair comme ça. Et ces années d’investissement sur ce site ont produit mine de rien une base de données d’infos. Celles-ci portent en elle les 10 dernières années de notre Breizh touch ! Bretonnitude ! qui dépend de ces moments et ces états privilégiés où nous vivons et percevons les choses de manière plus ou moins très intense. Mais qui n’a pas de rapport avec celle au sens où on l’entend en meute.

Face à l’éphémère, au précaire, au fugitif, à l’instable, au flux de données, etc. qui font tout disparaître à très grande vitesse, y compris notre vie quotidienne à tous quitte à la zapper, ici nous optons non pour ce qui ne dure qu’un jour mais pour le temps long de la mémoire, ce produit d’une activité humaine étroitement rattachée au récit…tel qu’il nous vient à l’esprit. Pas comme marchandises fabriquées en série.

D’accord! mais ne sont-elles pas des données démodées ? Nietzsche disait: l’enjeu est d’être non pas à la mode, mais « intempestif », c’est-à-dire « d’élever quelqu’un au-dessus de la déficience du temps présent et d’enseigner de nouveau à être simple et honnête dans la pensée et dans la vie. » Mais à cette formule juste mais toutefois un brin pédante, ayant nulle envie de tromper not’monde préférons celle-ci plus proche de notre notion du temps, ici à Radio Univers, car voisine à celle des musiciens : « un des penseur de l’Ars Nova, au XIIIe siècle, Francon de Cologne exprime brillamment cette idée : le Tempus est la mesure de la musique émise et de la musique omise. » (Wikipedia). Habitué à tenir une chronique qui filtre la banalité sans déserter le temps présent, elle me va mieux ainsi. Car j’omets souvent aussi. Des choses égarées dans l’une de mes poches.

Bon, d’une manière comme d’une autre, il s’agit là de données d’un temps perceptif et actif, à coup sûr bien sur terre. C’est celui d’une histoire, d’abord celle d’une presse alternative progressiste -la nôtre-qui traverse allègrement les âges. C’est également celle des imaginaires qui ont pris vie autour de quelques visionnaires, des mouvements sociaux, des conceptions de la culture, de la création du lien à la nature, des sociabilités et du vivre ensemble.

Rendre présent ce langage qui brasse. Voilà pour l’instant notre objectif! Vous nous pardonnerez alors les quelques liens déficients qui sur ce site empêchent momentanément l’écoute ou la lecture, ça viendra. Merci!

Maintenant c’est mon ordi qui fait des siennes…Est-ce dû à la chaleur?

D.D