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Fernando Botéro, à Dinard. Eté 2002. N°1115

Écrit par sur 20 septembre 2023

Nous avons besoin d’un regard neuf, libre de tout préjugé.
Heureusement, l’art a un grand don, celui d’être inépuisable.
C’est un processus sans fin, dans lequel on ne cesse jamais d’apprendre. »

Fernando Botero, artiste peintre et sculpteur.

Fait unique dans l’histoire de la peinture et de la sculpture à Dinard, l’oeuvre énorme qui a été la grande rétrospective Fernando Botéro durant l’été 2002. Bizarre audace, on ne saurait mieux se tromper bien sûr, mais la Chronique d’ici-même tient à apporter ce jour à l’occasion de sa mort, sa touche naïve et peut être peu appropriée. Décalée, allons-y, mais bien plus qu’une anecdote banale.

De l’expo Botéro de Dinard, ce que j’ai retenu – hormis cette carte postale qui m’a été tendrement offerte portant au dos la dédicace in-situ du maître en personne- à la vue de ses toiles, c’est l’extrême finesse dans la représentation de l’épiderme. Par touches infimes, la couleur de la chair, en joues et fesses la souplesse de l’épiderme, sa sensibilité. Qui fait vibrer le corps de la toile au point d’être tenté, vu l’exacte ressemblance, à la caresser, à la toucher avec tendresse.

Si bien que, j’imagine, fort de cette technique singulière, le processus créatif l’a poussé à en mettre le plus possible dans ses toiles. Et pour ce faire, il en a élargi les personnages aux formes généreuses pour mieux encore la recouvrir de peau.

Car tous les personnages sont gros, très gros, la rondeur des corps c’est bien sa caractéristique picturale. Mais qu’est-ce qu’un beau corps dans un pays pauvre ? Il est dit que les populations rurales, pauvres, valorisent les corps en surpoids. En corps, en vie.

Assurément Botéro aimait ces êtres bien portants profitant de la vie, bien en chair donnant une image heureuse et paisible à la Colombie. A l’inverse de ce qu’était ce pays réellement. Ses tableaux apparaissaient donc comme étranges. En fait, c’était leur force. Que Botéro estimait utile à ramener la paix et la joie de vivre dans un pays où la nature est bienveillante, luxuriante.

Son oeuvre c’est une interprétation, mieux encore, une célébration du bon sens populaire de jouir de la vie, de l’expression grassouillette et de l’exubérance de la nature, et de la jovialité en toute simplicité.

Du moins, dans mon souvenir, ainsi donc l’ai-je ressenti. On ne saurait mieux se tromper bien sûr. Car il ne voyait pas ça du même oeil. Quoique.

«  Question: Pourquoi peignez-vous des personnages épais ?
– Je ne peins pas des personnages épais. Je les trouve plutôt minces.

Quelle est alors votre idée de base et quel problème fondamental vous posez-vous ?
– Le problème consiste à établir d’où provient le plaisir que l’on éprouve en regardant un tableau. Je crois qu’il est dû à l’exaltation de la vie communiquée par la sensualité des formes. Mon problème formel est donc de créer la sensualité à travers les formes.

Quel est le lien entre ces personnages « gonflés » de vos tableaux et leur milieu d’origine ?
– Comme je l’ai dit déjà dit mes sujets sont satiriques par hasard, mais si je « gonfle » ces personnages, c’est pour leur donner de la sensualité. Je ne m’intéresse pas aux « gens gros » en tant que « gens gros ».

Au-delà de cette énigme corporelle qui intrigue tout visiteur qui s’efforce à imaginer, Botéro savait aussi dépeindre le drame de la Colombie, en proie à la violence et au trafic de drogue. Comme il savait aussi que, sur ces grandes toiles ou réalisée en volume dans des sculptures en bronze monumentales, son oeuvre est empreinte des traditions populaires de la Colombie, et inspirée de l’art précolombien.

Militant d’une culture pour tous, il était universel, planétaire. Icône en Colombie, cet artiste joyeux, engagé – comme en témoigne sa série sur l’horreur de la prison d’Abou Ghraib- et tellement humain, ce peintre et sculpteur autodidacte mondialement reconnu, mérite ce modeste rappel de souvenirs. Entre l’oeuvre de l’artiste et l’interprétation de son visiteur.

Il était le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, le peintre de notre violence et de notre paix ».  

Gustavo Pedro, président colombien – sur Twitter, en commémorant la mort de Fernando Botero, décédé à l’âge de 91 ans.

Et pour mieux encore lui rendre hommage, je passe le relai à Françoise pour sa belle page de Lieux-dits.eu, consacrée à cette expo de Dinard.

D.D

 

 

 


Les opinions du lecteur
  1. FRANÇOISE   Sur   20 septembre 2023 à 20 h 38 min

    Tout est dit, comme d’hab.
    Si je devais ajouter quelque chose, c’est ce poudroiement de lumière qui nimbe aussi bien les écorces d’oranges que la robe d’un cheval ou le grain de peau des fesses généreuses des femmes. La peau irradie, dans une vibration (tu en parles d’ailleurs) qui efface la frontière entre les « règnes », sorte d’osmose du vivant… comme une pulpe frémissante commune …

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