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Entre le domestique et le sauvage. N°894

Écrit par sur 26 juin 2019

Et nous voici de retour à l’ombre des talus en cet épisode caniculaire reconnu exceptionnel. Si possible à mille lieues des terres mises à sac par l’industrie alimentaire avec leurs gigantesques parcelles qui regorgent d’intrants apportés en masse, les appauvrissant à grande vitesse, blessées par d’incessants labours, d’arasements de talus et de comblement de zones humides. Ou avec leurs immenses usines à cochons élevés dans le noir sur sol bétonné et parqué en un espace tellement réduit qu’il détruit tout mouvement et tout instinct fouilleur. Par canicule, quelle atrocité ! Qui s’en soucie ?

Le moment peut être venu de filer vers la forêt ou le frais bocage des terres granitiques ombragées, s’il est encore temps. En ces temps d’intime coercition mentale et de mépris absolu pour le monde naturel. En ces temps soumis de force aux secrets de la grande cuisine bien juteuse du lobby agroalimentaire, qui nous autorisent seulement à picorer ses ordures comme d’heureux corbeaux.

Comme le confirment les industriels de l’alimentation eux-mêmes à qui Dieu a accordé de gros portefeuilles. Qui se félicitent du nouveau « programme alimentation et nutrition » du gouvernement, qui vient de retoquer le lancement d’une étude sur les risques pour la santé des aliments ultra-transformés.

Qui se félicitent aussi à n’en pas douter de l’arrivée de la FNSEA, il y a trois ans, à la tête de la région Bretagne dans le domaine agricole: accélération de la concentration porcine (Plan porcs en avril 2016 de 32 millions d’euros), accélération du nombre de méthaniseurs, poulaillers géants et stabulations libres pour bovins, bassines d’irrigations, installation de fermes usines, pesticides … Rien que ces trois années, et c’est trente ans de lutte contre les algues vertes qui ont été anéantis. Et c’est pas la faute à pas de chance ! Ainsi ce week-end, à l’unité de valorisation organique (UVO) des déchets de Launay-Lantic (22), ont été recueillies 2000 tonnes d’algues vertes échouées. 6 000 tonnes d’algues vertes pour toute l’année 2018. Et déjà 5 000 tonnes ramassées en baie de Saint-Brieuc, alors que la saison commence à peine. Une situation hors norme catastrophique et scandaleuse, nous assure-t-on. Pas si étonnant quand ce sont les chambres d’agriculture à qui, par débilité (ou faveurs répugnantes) des crétins patentés ont confié la mise en œuvre des plans algues vertes. Pendant ce temps, le double discours sur l’environnement des élus régionaux et de la FNSEA marche à bloc, et les contribuables continuent de payer le coût des dépollutions.

Ce qu’il nous reste de nos racines paysannes se réveilleront-elles alors à l’écoute de l’entretien ci-dessous ? De cette belle leçon de cohabitation paysagère entre le domestique et le sauvage, qui contredit la normalisation intensive en cours de toute la filière d’élevage sans exception. A savoir une leçon tirée d’une réalité paysanne autour des relations que nouent faune et flore domestique et faune et flore sauvage.

Entretien de Diane Giorgis avec Michaël Romé, paysan, éleveur, et responsable du Musée de la Paysannerie de Baguer-Morvan (35).

D.D


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