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En ce milieu de vie. N°1171

Écrit par sur 23 octobre 2024

Bien loin d’être sous la rampe des néons, elles font face. Pas de surplomb possible, elles sont bien là pour un recours matériel auprès de la personne en situation de fin de vie. Retournant le stigmate du « je ne veux pas voir », substituant à l’inquiétante révulsion le « faire connaissance » hors de sa bulle de confort par une fréquentation journalière d’un Ehpad, amène à mesurer en ce milieu de vie le don de soi chez ce personnel féminin.

Admiratif suis-je ainsi devenu de celles qui s’y consacrent. Car en grande majorité ce sont des femmes qui ont cette charge du « prendre soin » des corps des plus dépendants. Bienvenue à l’Ehpad, car la dignité est une affaire commune. Face à la crainte chez les résidents de voir disparaître avec la perte d' »autonomie », le sentiment de dignité d’eux-mêmes.

ici & là.

Pour évoquer en cette Chronique d’ici-même l’aspect délicat de la question, ayons recours aux travaux de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, par cet extrait tiré de son texte « Mourir dans la dignité » paru dans Le 1 hebdo, le 27/07/2023.

« Quand commence la dignité ? Quand s’arrête-t-elle ? Symboliquement, la dignité est irréductible, inséparable de la personne humaine en tant que telle. dans les faits, cette vérité se heurte trop souvent à une matérialisation délicate, et tous ceux qui basculent dans la dépendance craignent qu’on leur retire cette dignité, pourtant inaliénable. Cela arrive bien en amont du stade final de la mort. Une double peur traverse toutes les sociétés: d’une part, il y a la crainte d’être touché par une faille systémique -environnementale, par exemple-, qui pourrait nous faire basculer dans un régime d’incertitude, une vie dégradée jugée indécente; d’autre part, même si chacun défend ardemment le principe de dignité pour soi, il y a la peur d’être contraint de se conduire de façon indigne. On a ainsi des soignants qui déclarent « ne plus pouvoir exercer leur métier dignement » et qui se sentent maltraitants envers les patients, ou encore des enfants contraints de placer leurs parents dans des Ehpad fonctionnant selon des modes dégradés, des citoyens révoltés mais impuissants face au sort des migrants ou des SDF, etc. Le plus pauvre, le plus vulnérable, le plus malade d’entre nous est digne. Il n’y a pas de débat à ce sujet. C’est pourquoi tant de monde revendique la dignité. Aucun fait ne peut démentir la dignité de la personne. C’est sans doute l’une des plus belles conquêtes de la modernité, depuis le Siècle des Lumières. Cette autorisation du sujet à revendiquer sa dignité est une espèce de claque dans la tête du réel. »

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour des Ehpad, ainsi que « Le soin, le sale, le service, ou l’importance des mots » avec Geneviève Fraisse .

 


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