« De la côte » le bon point de vue. N°1189
Écrit par admin sur 26 février 2025
« De la côte » depuis la terre ferme. Ou le littoral dans tous ses éclats. Il n’y a pas de paysage sans point de vue, c’est le regard qui crée le paysage, est-il dit communément chez les photographes. Dès lors La Chronique d’ici-même tisse un lien pile deux ans plus tard, entre deux points de vue qui parcourent les mêmes murs, ceux d’une ancienne prison reconvertie en Centre d’art.
L’un, plus sombre, portait sur les profondeurs marines – à relire ici; l’autre, à la lumière douce et à marée basse, s’associe au cri des goélands, au bruit des vagues et des galets, à la couleur des algues et en falaises escarpées, à la matérialité des roches, magmatique, métamorphique ou sédimentaire.
Ce qui suscite, dans un cas comme dans l’autre, l’appui sur le déclencheur, ce sont des paysages mouvants soumis à la force de l’eau, de mer et de celle qui ruisselle et pénètre. Cela s’inscrivant dans les grandes échelles de temps géologiques, souvent en millions voire en milliards d’années.
Exposées jusqu’au 8 juin au Centre d’art Gwinzegal de Guingamp dont la visite est gratuite, il s’agit cette fois des photographies prises par la photographe Aurore Bagarry, qui s’est inspirée tout au départ des dessins d’observation naturalistes sur les côtes du Finistère de Mathurin Méheut. La perception offerte en sa sensible précision.
D’un recoin caché, à découvert à marée basse, face au soleil rasant d’une fin d’après midi de la côte atlantique, ou de celle chatoyante à la Soufrière en Guadeloupe, se dévoile la peau de la terre et ses mille éclats de couleurs qui sont un réconfort, par rapport à l’étendue de l’océan profond. Sur la roche, l’eau qui dessine, burine, creuse, polit, ou fait fleurir a le pouvoir de l’art.
Qui n’est pas sans rappeler cet autre point de vue – quoique peinture n’est pas photo- de cet autre artiste dont le sujet est de nous emmener ailleurs, à savoir, ailleurs que là où nous nous trouvions avec la peinture, c’est-à-dire en saisissant le creux de la roche fraîchement découverte après être descendu à pic de la falaise le chevalet à l’épaule entre deux marées, le peintre de Saint-Jean-du-doigt, de la côte nord moins ensoleillée, Ricardo Carvallo – à retrouver ici. A savoir ce qu’il appelle « sa grotte «, la face rocheuse rongée de la Manche, criante de vérité, d’esthétique rude et d’intention respectueuse.
« Ses images, à la fois esthétiques et documentaires, utilisent le littoral comme toile de fond pour réfléchir sur le temps, montrant à la fois les changements lents et les transformations rapides d’aujourd’hui. » (« De la côte » -livret de présentation). Et l’on sait tout le sens que cela prend face à la gravité du problème climatique.
Enfin, à toutes fins utiles, il est utile de savoir que pour réaliser ces images, il faut marcher beaucoup pour trouver le bon point de vue. Aurore Bagarry vous propose de voir ses photographies là .
Et de l’écouter : ici D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du Centre Gwinzegal. Ainsi qu’autour du Chaos climatique.