Ces images-là. N°588
Écrit par D.D sur 17 juillet 2013
J’illustre ces chroniques par des images qui ne sont pas les miennes. Je les recherche et les trouve sur le net. Le statut de ces images s’est diversifié. Au sens où elles ne sont plus seulement la propriété de leurs auteurs mais deviennent celles de tous.
Ne sont pas toutes bonnes évidemment. Mais elles disent quand même souvent quelque chose. Pas inutiles. D’autres sont exceptionnelles, réalisées sans formatage. Ou signalent un événement. Comme des émergences sauvages de je ne sais où. J’avoue, oui c’est pour moi un plaisir d’aller à la pêche d’images qui m’apparaissent belles et intéressantes. Et les trouve souvent complètement par hasard. Sur un simple coup d’oeil. Nonchalant.
Réutilisation des images donc. Ré-activation. Re-configuration. Re-combinaison. En les réemployant pour autre chose que ce pourquoi elles ont été conçues, ces images révèlent à leur tour autre chose qui se déploie alors. Et se redéploie. Va son chemin. Il est fort à parier que pour les sons comme pour les textes ça doit se passer de la même manière. C’est d’ailleurs ce qui se passe avec l’open data.
Rappel agaçant: qu’est-ce qu’une data? C’est un type de traitement de l’information. Des machines s’y emploient, ce sont les moteurs de recherche. Comme ceux d’internet. L’extension de ce type de recherche pour le traitement des données publiques/privées est un gisement de richesse pour les sociétés privées dotées d’outil de capacités phénoménales. C’est aussi un vaste champ d’investigation pour un petit tas d’artistes. J’en connais un. Etat et collectivités locales -notamment la ville de Rennes qui en fut la première-, rendent public des données numériques. Pour quel usage ? On ne sait pas très bien ce que ça sera. Capable de saisir en données la forme de sa joue, la couleur de ses yeux, le timbre de sa voix, etc. Sans ratures. La note à payer risque d’être salée. Comme une fin de fête.
Avec le numérique, et notamment internet, il se passe tout un travail de création et de réutilisation. Qui crée et qui réutilise, n’est plus la question. Périmée. Aussi bien ne pas la poser. Puisque c’est moi qui saisis tel ou tel élément dans ce que je perçois. Puis le mets en circulation. D’une certaine façon. Selon sans doute une cohérence mentale, esthétique, et d’après un rythme. Et ce travail de communication par le numérique auquel s’emploie chacun actif sur la toile devient immense. Sans doute assiste-t-on à la propagation de gestes et d’affects nouveaux. En communication avec les perceptions du monde actuel.
Qui à son tour est d’autant plus riche en expériences. Car ces images, comme ces sons et ces textes, sont des formes d’attention. Des formes d’attention singulière aux choses, au « monde ». Mais qu’est-ce un « monde » ? Yves Citton cite Marie-Laure Ryan qui caractérise un « monde » par quatre traits: « Un ensemble connecté d’objets et d’individus; un environnement habitable; une totalité raisonnablement intelligible par des observateurs extérieurs; un champ d’activité pour ses membres. »
« Nous sommes ce que nous lisons et ce que nous visionnons, et non seulement ce que nous mangeons. » (Yves Citton -Des gestes d’humanité). Peut être que ça n’a jamais été aussi vrai. Aussi vrai d’ailleurs que « l’idée même de gestion du donné » à laquelle nous devons prêter toute notre attention. Sans quoi le meilleur des mondes possibles part de travers. Obligeant certains de dégager la piste.
D.D