« Bretagne est Résistance. » N°1150
Écrit par admin sur 29 mai 2024
Ici encore, la Chronique d’ici-même tient à transmettre, 80 ans après, cette page d’histoire à ne pas oublier. Il nous faut la protéger et ajouter à ça une attention à ces personnages hors normes qui ne cesseront de l’incarner. Les lignes qui suivent le confirment.
Dans son livre « Les F.T.P soldats sans uniforme « , Charles Tillon – lire ici– consacre un long chapitre à la résistance bretonne. Titré « Bretagne est Résistance « , il y livre des informations précieuses sur ce à quoi a consisté le rôle de ces Combattants de l’ombre.
La Chronique s’attachera ici à reprendre seulement des faits en relation avec la Haute-Bretagne et l’avancée des Alliés.
« En Bretagne, l’unité d’action de tous les F.F.I se généralise vite en guérilla. Elle impose de renforcer la vigilance contre l’ennemi en se méfiant des amateurs d’aventure. Il convient avant tout d’y intéresser l’état-major des Alliés. La guérilla? Une question de bon sens. Les F.T.P d’Ille-et-Vilaine en font la preuve. Leur commandant Louis Pétri – lire ici– tient en main l’organisation depuis les lisières des Côtes du Nord, Normandie et la Mayenne.
Il a la prévoyance d’établir, en accord avec nous, des contacts avec les services secrets anglais et américains en leur proposant de mettre ses forces à leur disposition, en échange d’armes nécessaires pour l’heure de leur pénétration en Haute-Bretagne. Les F.T.P savent que les blindés des Alliés n’avancent le plus souvent qu’à vue immédiate en détruisant devant eux par le feu tout ce qui les gêne ou leur semble suspect.
Or, par ses liaisons avec la Résistance en Normandie, Pétri sait que ceux-là qui se préparent à l’offensive au plus près de la Bretagne pour ne pas y laisser l’occupation allemande sur les arrières ne refuseraient pas d’y trouver de l’appui du côté de la Résistance bretonne.(…)
Pour le commandant Pétri, il s’agit de mettre les effectifs F.T.P disponibles à la disposition des unités américaines dans la zone du front encore occupée et de les armer pour servir d’avant-garde de reconnaissance aux blindés progressant en Bretagne. L’accord nécessite le déplacement vers la Manche de cinq cents F.T.P d’Ille-et-Vilaine, répartis par petit groupes mobiles pour se mouvoir à la limite de la Mayenne et de l’Orne, où s’effectuent les parachutages d’armes promises. »
Dans le rapport d’activité détaillé que Pétri adresse à ses supérieurs, où il y dresse une longue liste d’actes de résistance, il leur indique l’évolution de ses effectifs (le débarquement des Alliés en Normandie eut lieu le 6 juin 44):
.
.
« Au bout de huit semaines illustrées de multiples combats, la démonstration de la puissance des forces alliées impose retraite aux occupants dont les bombardiers s’acharnent en vain à détruire le pont de Pontaubault. Ce pont ouvre la route de la Bretagne aux blindés du général Patton qui va dire: « Nous voici à la croisée des chemins. De grands événements sont imminents. Nos forces vont être lâchées. Elles peuvent nous apporter la fin de la guerre plus tôt que beaucoup pensent. »
En 1945, le commandant Pétri pourra aussi écrire dans son rapport d’activité des détachements F.T.P, qui ont participé aux opérations de soutien des Alliés pour la percée d’Avranches et vont continuer à combattre à leurs côtés : « Tous les Francs-Tireurs de la Manche, du Calvados, de la Mayenne et du nord de l’Ille-et-Vilaine ont participé brillamment au succès de l’offensive alliée, soit par leurs combats, soit comme guides et agents de renseignements. (…) A plusieurs reprises, j’ai traversé les lignes avec du matériel et documents divers. Les rapports d’activité générale avec tous les détails d’opération sont établis. Grâce aux opérations des groupes mobiles F.T.P de ces départements, plus de 300 camions, autos et véhicules divers ont été détruits ou endommagés. Plusieurs centaines d’Allemands ont été tués ou grièvement blessés. (…) A quelques kilomètres en arrière des lignes allemandes, 25 agents de renseignements et guides sont disposés sur des points différents. Chacun avait reçu son itinéraire et sa mission, tous ont réussi ce périlleux travail. »
Charles Tillon de conclure « Ce rapport témoigne de la volonté des F.T.P d’accueillir en soldats les Alliés qui vont bientôt progresser en Bretagne avec les unités blindées du général Patton. » Plus loin, il ajoute: « Après l’entrée de deux divisions blindées américaines de Patton en Bretagne, les deux mille cinq cents F.T.P de Pétri continuent à se battre à leurs côtés. Dès le 2 août, leur guérilla lève de nouveaux détachements de flancs-gardes qui harcèlent l’ennemi en retraite. (..) Et Patton dira: « C’est la Résistance qui protège mes éléments avancés. » Notons, poursuit Tillon, que ces détachements de F.T.P sont armés de fusils-mitrailleurs depuis le Calvados et le nord de la Mayenne, les uns pour marcher sur Combourg, d’autres vers Saint-Aubin du-Cormier, d’autres encore participant à la libération de Dol. » Voir ici l’avancée des Alliés.
« Etonné par l’avance des Alliés en Bretagne, Hitler décide d’y maintenir des effectifs puissants en précisant : « Les cadres trop tièdes ont été destitués après conseil de guerre et remplacés par des éléments nazis fanatisés ».
En Bretagne, ce sont 30 000 F.F.I qui agiront au côté de l’armée américaine. « La Bretagne a été libérée avec le concours d’une très large partie de la population. La mission des Alliés terminée, il reste aux F.F.I la charge de libérer la poche de Lorient. » Mon père en sera.
Puis Tillon fait état de l’hommage que leur rendra le chef des armées alliées : « Dans son livre : Les Opérations en Europe, le général Eisenhower écrit: « Par leur harcèlement incessant, les F.F.I de Bretagne avaient entouré les Allemands d’une atmosphère intenable de danger et de haine qui sapait la confiance de leurs chefs et le courage de leurs soldats. Une mention spéciale doit être faite ici à l’aide qui nous fut apportée par les F.F.I dans la réduction de la presqu’île bretonne. Devant l’avance des colonnes alliées, ces Forces françaises tendaient des embuscades à l’ennemi battant en retraite, attaquaient les groupes isolés et les emplacements fortifiés, et protégeaient les ponts. Leur tâche était, une fois que nos blindés les avaient dépassées, de nettoyer les localités où demeuraient des poches de résistance, et de défendre les lignes de communications alliées. De plus, elles rendirent à nos troupes des services inestimables, en leur fournissant des renseignements quant aux positions et aux intentions de l’ennemi. »
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Résistants, des FFI-MB et FTP-MOI, ainsi que de Cuguen.
Françoise Sur 30 mai 2024 à 10 h 50 min
Ce qui me chiffonne dans la chronique « Bretagne est résistance », c’est qu’elle s’attache à « reprendre seulement des faits en relation avec la Haute-Bretagne » … D’accord, tu nous préviens, mais pour moi, si on parle de Résistance c’est un peu tout ou rien et juste pour te taquiner je te demande qu’auraient réussi à faire « tes » bretons sans les maquis des Cévennes, du Vercors, du Limousin, de la Corse, de Dordogne, de l’Ain, du Haut-Jura, de l’Auvergne, de la Haure-Savoie, la Provence… (j’en oublie plein ), sans tous les Polonais, les Tsiganes, les Arméniens, les Espagnols et les Italiens venus, en nombre, prêter main forte…(avant le Débarquement bien sûr)
« Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre, à ta place. »…
admin Sur 30 mai 2024 à 12 h 11 min
Oui, bien sûr, tu as raison. Alors je renvoie à ces autres chapitres de son livre où Tillon parle du maquis de Saint-Marcel comme des autres départements bretons, ainsi que de la Corse, des Glières, du Vercors, du Nord et de Marseille, de Villeurbanne et de Lyon, et de Paris bien sûr. Mais ce qui m’a intéressé, disons plus localement, c’était cette bataille très difficile du franchissement du pont de Pontaubault. Car sans l’appui des résistants, en terme d’avance des libérateurs, cela aurait pu être une tout autre histoire. Cet aspect des choses m’apparaît assez oublié.