Bernard Friot, « Le système de retraites par la cotisation porte en lui un projet de civilisation. »
Écrit par admin sur 8 décembre 2019
A l’heure où l’enfumage médiatique des gens reçoit en retour un bon niveau de clairvoyance qui s’exprime dans la rue, reportons-nous à Bernard Friot, économiste et sociologue de renommée internationale, il est l’auteur de travaux qui portent sur les institutions du salariat.
Cet enfumage à grande échelle nous fait croire que les retraités sont des « inactifs ». Face à ce dictat des milieux financiers, Friot nous montre, au contraire, qu’ils sont producteurs de valeur. Donc productifs, et utiles à la société. Mais dans le secteur non marchand qui échappe au capitalisme. Et pour cette raison, il défend la retraite par répartition et le système des cotisations sociales.
Il est connu pour théoriser une protection sociale débarrassée des régressions dues aux « réformes » successives. Il a montré l’importance historique de l’émergence et de la consolidation des « institutions salariales », au premier rang desquelles figure la cotisation sociale, qui préparent le dépassement de la subordination inhérente au travail soumis au capital.
Pour lui, la retraite n’est pas un transfert de valeur produite par les travailleurs actifs vers les retraités, mais représente le salaire rémunérant le travail utile à la société, effectué librement par les retraités auxquels continue d’être reconnue leur qualification.
Il va sans dire que tout cela est dérangeant pour les dogmes libéraux qui ont réussi à s’immiscer dans nos têtes comme une religion, en devenant ni plus ni moins une croyance.
A l’opposé de celle-ci, la pensée de Friot, qui peut apparaître un peu technique il est vrai pour les non-initiés en économie, est fertile. Et à ce titre, en ces heures-ci, indispensable.
Le système de retraites financé par la cotisation, attaqué de toute part, n’est dit-il, pas un simple enjeu social : il porte en lui un projet de civilisation.
Nous l’avions rencontré en juin 2013, à Rennes.