« En tant que lanceuse de l’alerte sur le Mediator, je vois revenir la question sur les réseaux sociaux : « Que pense Irène Frachon de la vaccination contre la Covid ? » par des personnes généralement convaincues que je serais, en tant que lanceuse d’alerte longtemps opposée aux autorités sanitaires, « forcément » hostile à ces vaccins. Or, c’est tout l’inverse que je pense !
L’analyse du bénéfice et du risque pour chaque médicament ou vaccin est le point fondamental à déterminer avant toute décision de recours à un traitement.
Dans le cas du Mediator, j’ai mené entre 2007 et 2009 des recherches qui ont été publiées dans des journaux scientifiques, après validation des résultats par un comité de lecture, composé de médecins et scientifiques compétents. Ces recherches, qui concluaient à une dangerosité extrême du Mediator, ont été confirmées par d’autres études scientifiques indépendantes, toutes concordantes. Ce processus, garantissant la fiabilité des études cliniques, s’appelle « la médecine fondée sur les preuves » (Evidence based medecine en anglais). Par ailleurs, l’intérêt thérapeutique du Mediator n’a jamais été démontré.
Le Mediator était donc un médicament très risqué et sans bénéfice pour les personnes visées, diabétiques et en surpoids.
L’analyse scientifique, selon des méthodes éprouvées permettant d’éviter les biais de statistiques mal réalisées, est la base de la médecine moderne. Elle doit nous guider dans les grandes décisions thérapeutiques auxquelles nous faisons face, en tant que société et en tant qu’individus.
Comme pneumologue, j’ai constaté les formes très graves que pouvait prendre la Covid, avec des atteintes extensives pouvant détruire la totalité du tissu pulmonaire en quelques jours. Dans bien des régions de France, les hôpitaux ont été au bord de la rupture. J’ai perdu des amis qui n’auraient pas dû mourir. Aucun traitement, hormis la cortisone et surtout le recours à l’administration d’oxygène, n’a jusqu’à présent fait la preuve d’une efficacité établie par des méthodes scientifiques rigoureuses. Nous avons tous vécu les effets sociaux de cette pandémie, chez les personnes âgées, chez les jeunes ; et nous ne sommes pas certains de les avoir encore tous bien évalués.
Les vaccins qui nous sont proposés depuis quelques mois ont été administrés à des dizaines de millions de personnes. Pour ceux qui ont été validés en Europe, leur très grande efficacité mise en évidence dans les études conduites avant leur autorisation de commercialisation a été confirmée par les analyses menées sur de grands effectifs de population vaccinée. Le bénéfice est prouvé et massif.
Comme tout traitement médical, il peut survenir des effets secondaires, rarement sévères. Ces derniers sont aujourd’hui bien identifiés, du fait de l’utilisation massive de la vaccination contre la Covid, et font l’objet d’une surveillance attentive et transparente, à l’inverse de l’exemple du Mediator. La possibilité de prendre des mesures préventives quant à leurs conséquences (tranche d’âge, avertissements sur les symptômes, prise en charge) permet à chacun de prendre la mesure de la balance bénéfice/risque de la vaccination, pour soi-même et pour notre société. Vaccinez ceux que vous aimez, vaccinez ceux que vous soignez, vaccinons-nous, vaccinez-vous ! »