« Ce qui repousse… » N°1102
Écrit par admin sur 22 juin 2023
Mise à jour. en date du 24/06/2023. « Dissolution des Soulèvements de la Terre : « Le gouvernement s’en prend à ceux qui refusent de demeurer passifs face à la catastrophe ». Après le lancement d’une procédure de dissolution visant le collectif écologiste, de très nombreux chercheurs et intellectuels dénoncent dans une tribune le tournant autoritaire du gouvernement, et la poursuite d’une politique écocidaire. » A lire ici.
La Chronique relaie le communiqué de la Ligue des droits de l’Homme sur la dissolution des Soulèvements de la Terre. Cette décision est « une remise en cause des libertés d’association, de manifestation et d’expression ». A lire ici.
Voici donc la dissolution d’un groupe qui, pour reprendre les mots de José Bové, « pointe du doigt une urgence, un constat partagé par des scientifiques, contre des intérêts privés qui détruisent les sols, le climat et la biodiversité. (…) Ne pas agir, c’est être complice du modèle destructeur qu’on nous impose. »
Nullement par angélisme mais par nécessité en matière d’environnement, cette Chronique-ci nettement plus personnelle vous fait part d’une expérience, la mienne. De ce dont je peux témoigner.
A l’expérience, je peux témoigner qu’après avoir personnellement alerté sur les pratiques mises en oeuvre par des entreprises exploitant des granulats dans le département d’Ille-et-Vilaine dans le cadre de la passation de marchés publics de fourniture et de transport, la procédure suite à la plainte déposée qui a conduit in fine au jugement et à la condamnation de carriers par le Conseil de la concurrence, a duré pas moins de six ans ! Après ce jugement quasi-unique dans ce domaine en France, à n’en pas douter un instant, on est en droit d’estimer que de telles pratiques litigieuses n’ont jamais cessé.
A l’expérience, je peux témoigner que si le collectif mobilisé localement (les riverains) contre un projet de méthanisation – lire ici-, n’était pas intervenu avec culot et courage en pointant entre autres, le fait que ce projet techniquement monté selon un habile tour de passe-passe, échappant à enquête publique en se présentant tout juste sous le seuil, menaçait directement la zone de captage d’eau potable d’une commune de 6000 habitants alors que tout avait été validé sans vérification par les services de l’État, eh bien la ressource en eau potable aurait possiblement été condamnée pour plusieurs générations. Et que, sans cette mobilisation du collectif, toutes dispositions visant à mettre en place localement un Corridor Ecologique Régional découlant de l’arrêté préfectoral, auraient lamentablement échoué.
A l’expérience, je peux aussi témoigner que face à l’exploitation de la plus grande carrière régionale d’extraction de granit qui, par ses tirs de mine sur-dosés qui permettent d’abattre un pan de roche, provoquait dans le même temps de si fortes vibrations sur le massif rocheux que cela occasionnait nombre de désordres de plus en plus apparents sur les habitations et bâtiments annexes des villages alentours, là encore, sans mobilisation collective efficace et déterminée des habitants, tout serait passé comme lettre à la poste. D’autant qu’actuellement, en France, si toute demande de prélèvement de sable ou de granulats fait l’objet d’une étude d’impact sur l’environnement servant à déterminer si cela peut détériorer l’état de la faune ou de la flore, il n’y a pas d’étude d’impact sur l’érosion. Si l’étude d’impact sur l’environnement est satisfaisante, les préfets ne peuvent rien faire car les règles sont respectées par les compagnies d’extraction. Alors que l’on assiste à l’éventration d’un massif granitique avec tous les désordres en sous-sol induits par les modifications de ruissellement des eaux souterraines.
Je peux encore témoigner qu’à chaque fois, il a fallu osé braver l’arrogance; et qu’à chaque fois, cela a été toujours accompagné d’intimidations directes ou insidieuses.
Et Radio Univers peut aussi témoigner de l’alerte décisive du collectif contre les coupes rases en forêt de Villecartier – à écouter ici.
Alors oui, chacun devrait se sentir concerné par cette attaque gouvernementale frontale qui vise à dissoudre nos droits à se défendre. Et par extension, qui contribue à jeter l’anathème et à délégitimer toute mobilisation citoyenne en faveur du bien commun. C’est grave.
D.D