« Grand air »dans La Criée. N°1089
Écrit par admin sur 22 mars 2023
Pris dans la pluie je me suis engouffré dans La Criée-centre d’art contemporain de Rennes qui présente une expo dénommée Grand air de l’artiste suisse Judith Kakon. Laquelle y expose de vraies illuminations de Noël. Tout un patrimoine urbain de centre-ville, sorti tout droit des réserves où on les stocke pour être ré-agencé en ces premiers jours de printemps en d’ordinaires racks de rangement d’entrepôts, quoique cette fois-ci en un espace d’art contemporain.
« Judith Kakon s’est intéressée à la charge émotionnelle et politique des lumières de Noël. L’histoire des formes des illuminations de Noël témoigne de la mondialisation des échanges culturels et de la laïcisation de la société. (…) Ses oeuvres sont inspirées du concept de « capitalisme émotionnel », théorisé par la sociologue américaine Artie Hochschild et développé par la chercheuse en sciences sociales Eva Illouz. » lit-on sur le document de présentation de l’exposition.
A l’arrière de la salle, dans une petite pièce peut être consulté un livre épais de cette dernière. J’y ai découvert une critique féroce de l’effet du capitalisme néolibéral sur nos émotions. Ainsi dans «les Marchandises émotionnelles», elle soutient qu’une nouvelle forme de marchandise n’a cessé de prendre de l’importance au cours des XXe et XXIe siècles : l’«emodity» ou marchandise émotionnelle. Pour Eva Illouz : « l’idéologie du bonheur est le bras armé du capitalisme ». « Une industrie brassant des milliards mais aussi des politiques publiques aux effets pernicieux. »
Mais nous ne sommes plus à Noël et à une petite centaine de mètres de là, sous pluie, dans la rue s’exposent les frais stigmates de l’affrontement entre marins pêcheurs – des habitués du grand air et d’autres criées- et forces de l’ordre. Stigmates qui m’ont rappelé, quoique sans comparaison, la montée rageuse à Rennes des marins pêcheurs de la côte bretonne en 1994 – lire ici. Dont, à propos d’illumination, l’une des fusées de détresse coincée sous la charpente, avait embrasée tard dans la nuit le Parlement de Bretagne. Incendie qui avait suscité une très vive émotion.
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de La Criée-centre d’art contemporain