« La syndicaliste ». N°1086

Tout ce qui est lié à l’industrie nucléaire est sensible,… Mais c’était particulièrement le cas dans cette affaire, qui touchait aux rivalités commerciales entre Areva & EDF dont les activités incluent la construction de centrales nucléaires. Il y avait aussi une dimension politique… »

Maureen Kearney, syndicaliste.

Je ressorts tout juste de voir au cinéma Chateaubriand à Combourg – bravo à lui!-, le film « La syndicaliste » – qui vient de sortir en salles, ce mercredi 1er mars. Que je recommande, vivement.

« La Syndicaliste « , raconte l’histoire vraie d’une ex-salariée d’Areva, déléguée syndicale irlandaise CFDT et lanceuse d’alerte. Elle se nomme Maureen Kearney – dans le film, son personnage est incarné formidablement par Isabelle Huppert. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français.

Elle tenta de signaler, en vain, au plus haut niveau de l’Etat des risques de transfert de technologie entre la France et la Chine. Plus qu’une simple information, il relevait pour elle de sa responsabilité de prévenir d’un danger en donnant l’alerte, en sa qualité légitime de représentante syndicale du personnel d’Areva, sur la menace de délocalisation des milliers d’emplois et de savoir-faire français au détriment de la souveraineté industrielle tout en aggravant les difficultés financières d’Areva. Le nouveau patron d’Areva, Luc Oursel, nie en bloc. C’est pourtant bien ce qu’il va se produire : 4 000 emplois supprimés par Areva en France. Le scandale ne s’arrête pas là.

Ce qu’a subit cette femme courageuse et intègre s’est déroulé dans les coulisses de la France industrielle, de ces enjeux secrets et des modes opératoires des intermédiaires – qui, chez ces voyous, ne sont pas des procédés littéraires. Elle a dû faire face à de violentes pressions politiques et intimidations des patrons – « une caste d’hommes ayant fait les grandes écoles »- de cette multinationale française du nucléaire. A tel point que, gênante, trop gênante, elle a été torturée, eut la lettre ‘A’ gravée sur son abdomen et un manche de couteau inséré dans son vagin. Ses agresseurs n’ont jamais été inquiétés. Pire, par la justice elle s’est vue traitée durant d’éprouvantes années en coupable.

J’ai été torturée après avoir dénoncé les sales coups de l’industrie nucléaire française. »

L’attaque contre Maureen Kearney a été aussi brutale qu’inattendue. La mère irlandaise de deux enfants se brossait les dents un matin de 2012 dans sa maison en banlieue parisienne quand un intrus a fait irruption. Scarifiée au couteau et violée, elle a été laissée les yeux bandés et attachée à une chaise, où elle n’a été retrouvée que quelques heures plus tard par sa femme de ménage choquée.

La suite a été presque aussi horrible : pendant les années qui ont suivi, elle a été plongée dans un enfer juridique français qui l’a vue accusée et condamnée pour avoir orchestré son agression, avant d’être finalement innocentée en appel en 2018.

Voir le doc télé sur cette histoire glaçante, ici. Ainsi que son entretien à Fr3, là.

Un film intense qui rend hommage au combat syndical sur fonds de scandale d’Etat.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du nucléaire. Ainsi qu’autour de Ciné 35.