Retour sur le meilleur de l’actualité ciné 2022, le film « Eo ». N°1079

Encore aujourd’hui, je la refais: Radio Univers vous souhaite une excellente année à toutes et tous ! Et celle-ci démarre ici-même en images par un retour sur le meilleur de l’actualité cinématographique 2022, le film « Eo « .

La philosophe Corine Pelluchon, qui est considérée comme la pionnière de la cause animale, partage avec la sociologue Jocelyne Porcher un échange épistolaire « Pour l’amour des bêtes. Jocelyne Porcher / Corine Pelluchon », où l’une et l’autre confrontent leurs certitudes comme leurs doutes. Dans cette confrontation, Corine Pelluchon estime que la mise à mort d’un animal élevé pour sa chair est moralement condamnable, alors que Jocelyne Porcher, qui fut éleveuse, considère que la relation de travail avec les animaux justifie leur abattage et participe de la condition humaine. Pour autant, elles s’accordent sur une condamnation sans appel du capitalisme et de l’exploitation industrielle des animaux dans des conditions insoutenables.

A l’occasion de la sortie de cet autre ouvrage qu’elle signe seule « L’Espérance, ou la traversée de l’impossible », Corine Pelluchon dans un entretien à Libération, annonce entre autres qu’une « révolution anthropologique associée à l’écologie et à la cause animale est en cours et elle est mondiale. L’acceptation de notre finitude et de nos limites est la clé d’une puissance qui n’est pas synonyme de domination. L’imaginaire de conquête qui sous-tend notre vision du progrès associé à la croissance illimitée a abouti à la destruction de la biodiversité, au retournement des moyens techniques contre l’humain. » Pour elle « la prise de conscience d’une communauté de destin et de vulnérabilité avec les animaux change la manière dont l’humain se pense. Notre civilisation a été construite sur l’idée que les animaux sont des moyens au service de nos fins. Il y a des différences nombreuses entre eux et nous. Le fait de respecter leurs intérêts a des conséquences importantes: abolir la corrida, la chasse à courre, repenser les conditions d’élevage. Cela affecte de nombreux aspects de notre vie, jusqu’à notre habillement. Sur ce sujet, la différence générationnelle est flagrante ». 

Dans ces propos de Jocelyne Porcher et Corine Pelluchon, comment ne pas penser à ce très beau film « Eo » – relire notre Chronique-ci ?  Où le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, 84 ans, fait « jouer » un âne comme le meilleur moyen d’induire la prise de conscience en question. Avec l’histoire d’Eo (ou Hi-Han, pour l’onomatopée originale) qui fuit la brutalité humaine.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Jocelyne Porcher. Ainsi qu’autour du Versant animal & végétal.