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« Déconfinement », immunité, tests, et… tarentelle. N°940

Écrit par sur 13 mai 2020

Déconfinons-nous… tendrement. Et que cette mauvaise période de Coronavirus puisse être inspirante. En visant une action non-insignifiante dont le corps est le monde et dont sa toile s’étend sur toutes les parties du monde.

Allez ! Voici à quoi je songe. Pour le corps vivant et pour le monde. Pour l’adoucir. L’envie qu’apparaisse à cette triste occasion quelque chose qui fasse frémir. Comme l’a été la tarentelle, cette danse traditionnelle italienne, synonyme de danse thérapeutique dans la région du sud de l’Italie, les Pouilles.

En cherchant la racine, l’on apprend que le mot «tarentelle» serait dérivé du nom d’une araignée, la tarentule, dont la piqûre provoquerait des convulsions capables d’entraîner la victime dans la folie, à des crises et au besoin immédiat de soins physiques, ne pouvant être calmés que grâce à la répétition rythmique obsessionnelle et frénétique de la musique. Comme si la danse pouvait guérir, voilà autre chose !

Ainsi est-il dit que pour «guérir» les gens de la piqûre de la tarentule, les musiciens pouvaient donc jouer pendant des jours entiers. Mais encore que dans la Naples du XVIe siècle, hommes et femmes se rendaient chaque année, le 23 juin, sur la plage de Chiaia, ils se déshabillaient, se baignaient, puis dansaient nus jusqu’à l’aube. Cette manifestation fut interdite par les Espagnols, mais le rite se perpétua clandestinement.

Puis plus tard, et plus encore peut être de nos jours, pour se soigner de soucis personnels en intégrant un groupe social. Cette danse conservant toujours ce pouvoir de permettre d’extérioriser le moi profond et ses émotions enfouies, comme l’expliquent ces pédagogues-ci.

Maintenant sur le plan musical, ça donne quoi ? La tarentelle vibre d’un rythme ternaire. Dans sa version originelle, elle est dansée par une seule personne qui semble être possédée. Seule la transe peut la sortir de cet état. Elle puise ses origines en Orient et en Afrique et s’apparente aussi, dit-on, aux danses des derviches tourneurs.

« Mais enfin,… ». Oui, d’accord, tenant compte des dernières hypothèses médicales, ce n’est pas le meilleur conseil à donner. Vu que ce coronavirus est telle une araignée qui étend sa toile sur le monde. Car faire danser sur un rythme de tarentelle, dont la seule vue fait frémir, apparaît contradictoire avec la « distanciation sociale », me rappellera-t-on glacialement.

Mais tout n’est pas science. Ni vérité préétablie d’ailleurs. Car voilà que peut être, poussés par des secousses de force majeure, désir, désirs, voire même un presque rien comme une joie omnienglobante, ça se lâche les beaux jours venus. A sa seule pensée, l’on se raidit contre cette infortune – oubliant au passage l’étendue sévèrement condamnable du mensonge dominant.

Ou bien encore, selon une autre version napolitaine, comme le lisait l’écrivain Erri de Luca dans l’un de ses discours, « Les Napolitains ont appris à sauter sur commande, comme des puces bien dressées, sous les poussées et les feux du sous-sol. Leur danse populaire, la tarentelle, imite les secousses ressenties par les pieds et espère les calmer. Le système nerveux des Napolitains dépend de la géologie. Même au plus profond de son sommeil, chacun sait de quel côté se trouve le Vésuve. »

Bien sûr, tout n’est pas transposable. Formule spéculative et non-prouvée – comme cela s’entend si souvent brevetablement parlant- mais habile pour rester insensibles, résignés, disons en un mot « raisonnables ». Dit autrement: satisfaits de ce qu’on a à la télé ou en jeux vidéo.

Il n’en reste pas moins que si la piqure d’araignée ou les éruptions, tremblements de terre, et catastrophes, furent musicalement des expériences inspirantes, retenons de celles-ci qu’en demeurant subtils et rigoureux, tout reste possible. L’avenir est ouvert.

Vite ! Pour conjurer le désespoir qui n’est pas encore là, qu’apparaisse avant qu’on devienne un peu trop tous fous, une danse populaire qui prenne soin de nous, très rapide et troublante à la fois. Bientôt, bientôt ? « Déconfinement », immunité, tests et… tarentelle !

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de la danse. Ainsi qu’autour dErri de Luca.


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