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Isar. N°439.

Écrit par sur 19 août 2010

Nous étions à Bad-Tölz (en Haute Bavière) à finir la soirée en goûtant la bière si légère. Notre conversation porta sur la natalité en Allemagne en constatant que beaucoup d’Allemandes restent sans enfant. C’est ainsi qu’un soir d’été dans ce pays maître-distillateur nous discutions spontanément de politique familiale. Ce qui est tout un sport quand la bière se mêle au débat d’idées!

Pour les catholiques bavarois de la CSU (la droite allemande), le modèle à faire valoir est celui d’une famille-cocon dans laquelle pourrait s’épanouir le nouveau né avant de voler de ses propres ailes. L’idéal pour cela serait que les mamans restent à la maison. Par exemple la CSU défend bec et ongle cette allocation de 150 euros qu’elle voit comme une récompense pour les familles décidant de faire valoir le modèle traditionnel. Nombreux sont ceux qui s’insurgent en Allemagne devant un tel conservatisme puisque cela exclu l’aide aux familles qui placent leur môme dans des jardins d’enfants destinées à accueillir les petits de 0 à 3 ans.

Sur la terrasse au bord de la rivière Isar alors que nous étions entourés d’allemands qui ne devaient piger que couic à ce que dégoisaient ces visiteurs d’un soir concernant les femmes, la discussion glissa sur le dernier bouquin « Le conflit, la femme et la mère » d’Elizabeth Badinter qui a suscité à sa sortie une vive polémique (Chronique du 17/02). Elle y affirme qu’il se livre de nos jours « une véritable guerre idéologique souterraine, dont on ne mesure pas encore pleinement les conséquences pour les femmes ». « Je ne mène pas un combat contre la maternité. Je mets en garde les jeunes contre le retour d’une idéologie naturaliste » dit-elle. Voir cet entretien à Ouest-France. Elle considère que face aux discours politiques et naturalistes qui glorifient la maternité les acquis féministes des années 70 sont en régression. D’où cette vive polémique dans une époque et un pays (la France) en état critique.

A défaut de m’être mis à la lecture du livre en question bien que partageant ses opinions, je viens de lire sur internet que l’Isar est née à l’âge de glace (Würm). C’est un torrent de montagne qui prend sa source dans les Alpes. Elle parcourt 300 km avant de se jeter dans le Danube. Les destins de la Bavière et de Munich sa capitale sont intimement liés à celui de l’Isar. Pour les populations locales, l’Isar a un surnom qui vient du celte « Reißende », c’est-à-dire « torrent fougueux ». En fait cette image pourrait être retenue afin d’exprimer ce qui bouge dans nos sociétés européennes du côté des familles, cet autre « torrent fougueux ».

Mais d’un « torrent fougueux » par le passé, l’Isar est devenu pour mieux le domestiquer un « ruisseau inerte dans un corset de béton » comme le nomme les écologistes du cru. De la même façon ne se joue-t-il pas un type de socialisation presque identique afin d’endiguer le flux croissant des modes de vie qui sortent des cadres institués? (à Berlin 50% de la population de cette ville est célibataire ou en famille monoparentale, et déjà dans les plans d’urbanisation de Rennes Métropole il est pris en compte ce fait : il y aura de plus en plus de personnes à vivre seules, du coup considérant l’impact de cette mutation ou transmutation rapide en terme de logements et de services c’est à une autre ville qu’il s’agit de prévoir. Quant aux questions d’égalité hommes/femmes lire ici cet entretien d’Irène Théry, sociologue.)

Bon je laisse à d’autres la prospective, et vous fais part au moins d’une certitude: les autres aires linguistiques ne manquent pas d’argument (bière par exemple) pour inciter au débat le soir entre copains des doux bords de l’eau.

D.D


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