« Palabres ». N°826
Écrit par admin sur 14 février 2018
Dans un des cartons entassés depuis longtemps dans mon garage, et que je n’avais pas rouverts jusqu’à ce matin, je viens de retrouver trois numéros de l’hebdo régional « Le Canard de Nantes à Brest« , journal dans lequel, jeune collaborateur, j’ai exercé il y a quarante ans bientôt. Bon, la chasse au(x) trésor(s) continuera peut être plus tard… mais piano piano, le présent m’occupant plus que le passé.
Ceci-dit quand, dans notre page de présentation Qui sommes-nous?, il est dit que Radio Univers est « issue de ladite presse parallèle des années 70, appelée aussi de contre-information », eh bien je saisis ici l’occasion, non sans fierté, d’en apporter quelques éléments de preuve si c’était nécessaire, ce que je doute. La confiance règne ici et là.
Néanmoins, la remise à jour des trois reportages locaux ci-dessous, parus en octobre et novembre 1979, procède entre autres détails, vous le jugerez mieux que je ne puis le faire, d’une certaine forme d’aventure journalistique têtue, telle une « luciole » qui émet ses propres lueurs et les adresse à d’autres – même si l’encre et le papier ici n’ont plus cours-, dans laquelle Radio Univers prend racine et où se prolonge, en un fil continu jusqu’à ce jour, une utopie des années 70 précieusement préservée, devenue une réalité.
Que voit-on de nos jours dans ces trois reportages? Bien entendu que, comme cela se ressentait alors, la pêche à pied sur le banc des Ermelles dans la baie du Mont-Saint-Michel a quasiment disparu, le temps du marché aux légumes de Saint-Méloir-des-Ondes est bien loin, comme l’est celui des petites fermes du pays de Combourg – à l’époque, comme il est dit, « le pays le plus rural du département d’Ille-et-Vilaine ».
Mieux encore, c’est dans le lieu le plus rural de ce pays le plus rural qu’il fut, que quelques mois plus tard les antennes de notre station de radio se sont déployées sur un ancien bâtiment d’école des filles désaffecté. Une radio qui, pour la musique, les chansons et les palabres, se tient à l’écart. Et crée de l’écart – lire ici.
C’est ainsi en cours de lecture d’un petit livre très beau, discrètement nommé Palabres, qu’il m’est venu l’envie de parler ainsi de la beauté des survivances, comme énoncée ci-avant. Un livre posthume puisqu’il y a un an disparaissait son auteur, le londonien John Berger, romancier engagé, scénariste, critique d’art, qui vécut une grande partie de sa vie dans un hameau de Haute-Savoie – lire ici.
Un livre de notes qui comportent entre toutes, si belles, si justes, cette phrase-ci: « Ce qui m’a poussé à écrire au fil des années, c’est le soupçon que quelque chose exigeait d’être dit ; et que, si je n’essayais pas de le faire, ce quelque chose risquait d’être passé sous silence. »
La pertinence de cette phrase – qui nous va bien- semble plus grande, plus urgente que jamais. Quand, écrit-il, « De nos jours, ce qui fait tourner le monde, c’est la prochaine acquisition: la nouvelle transaction pour la finance; pour les consommateurs, le prochain achat ».
D.D