Virée en Kreiz-Breizh : la Foire aux poulains de Plaintel. N°807
Écrit par admin sur 4 octobre 2017
« Dans un coin : le broyeur d’ajonc
Et autres instruments passés de mode
Musée ou Ossuaire ?
Ouvert aux quatre vents
Plus besoin de porte
Plus personne ne viendra voler
Pour quoi faire ? On n’attelle pas
Les chevaux d’acier avec du cuir
On ne les nourrit pas
D’ajonc pilé… »
(Anjela Duval) – (Traduction Paol Keineg)
Datant du XVIIe siècle, la Foire aux poulains de Plaintel qui vient de loin perdure entre économie de la filière du cheval de Trait breton et convivialité. Serait-ce utile de rappeler que ce cheval fait partie du patrimoine culturel ? Mais hors de tout écomusée qui grave en mémoire courte, cette foire de Plaintel réunit encore éleveurs, acheteurs et chevaux. Des chevaux et des hommes qui adoptent leur pas lourd, oeuvrent encore.
Nous sommes ici du côté des chevaux. Et des éleveurs. Et des acheteurs. Car tout est lié à l’heure où les éleveurs croulent sous les difficultés et que les haras ferment. Ce cheval de Trait breton s’éteindrait-il en silence ?
Sur la Place des poulains de Plaintel (Côtes d’Armor) il m’est revenu cette phrase de la sociologue Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l’INRA « L’on ne sait rien de la résistance des paysans comme de la résistance des ouvriers, il y a toujours eu des épisodes de lutte contre la progression de l’industrialisation, mais l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. » Lire ici.
Dans son poème « Hommes liges des talus en transe », le poète Paol Keineg écrivait « il pleut sur le poitrail des chevaux rubiconds ». Mais il ne pleuvait pas en ce lundi de foire. Le poitrail des éleveurs était de la couleur de leur chemise. Et, ayant tous en soi une part d’animalité et bien sûr une part de société, les robes des chevaux portaient toutes aussi les belles couleurs de notre propre condition animale.
« La condition animale c’est le reflet de notre condition. C’est un même bloc. La condition humaine c’est la condition animale aussi. On est la même matière.» (Jocelyne Porcher). Cette matière n’est pas celle des chevaux d’acier, mais le vivant. Qui présente un caractère organique, au sens où les parties ne suffisent pas à expliquer le tout, ni l’inverse.
D.D