L’attrape feu de l’Ecole des filles. N°745
Écrit par D.D sur 27 juillet 2016
Une découverte. Du moins en ce qui me concerne. Si vous trainez au coeur de la Bretagne, dans le centre Finistère : le centre d’art contemporain L’École des Filles d’Huelgoat. Une idée formidable.
Qui cet été accueille l’exposition L’attrape feu (jusqu’au 11 septembre). Oui, vous lisez bien : l’ancienne école des filles de Huelgoat, restée en l’état sous son aspect austère -quelque similitude donc avec notre propre studio situé en un lieu identique-, a été ré-investie en centre d’art, par une galeriste parisienne Françoise Livinec. Dont la famille est du coin. Voir son site.
Permettez de rendre ici hommage à cet endroit: les salles de classe sont devenues salles d’exposition, la cour de récréation conserve sa vocation de « ré-création » entre deux découvertes artistiques. Bordée par une allée de tilleuls et un préau où se tiennent des conférences.
Celle de dimanche avait pour invité l’étymologiste Alain Rey. Sa conférence portait autour du mot « attrape-feu », donc autour de cet itinéraire du feu, des mythes antiques et de la naissance de l’art au geste artistique contemporain. Pour lui les mots ont une vie intérieure « qui ne meurt jamais complètement et qui révèle des choses qui étaient en eux ». Ainsi pour expliquer l’expression d’Attrape-feu : « Attrape est un terme de chasseur. C’est mettre dans une trappe ». Feu signifiant quant à lui pas seulement celui du foyer, mais aussi une part de sacré. « Le feu vient d’ailleurs, du ciel avec la foudre, et le ciel est le lieu des divinités ».
Bref l’on y ressent dans cette enceinte, lieu d’exposition et carrefour culturel, la volonté manifeste de la femme à la chevelure de feu, Françoise Livinec, d’attraper, saisir, apprivoiser un feu qui anime toutes choses, et que l’artiste sait faire surgir et entretenir. Voilà c’est ainsi que pourrait être présenté ce lieu d’une création contemporaine ouverte sur l’universel.
Un mot quand même sur le Huelgoat. Située dans le Parc naturel régional d’Armorique, si cette commune est surtout connue pour sa forêt et son chaos rocheux, ainsi que pour les légendes et autres récits qui accompagnent les grottes d’Artus, ou les rivières d’Argent, comme chacun a ses propres références l’endroit m’est plutôt connu je l’avoue pour ses carrières de granit. Un granit Le Huelgoat allant du gris clair à gris bleu foncé, comportant quelques taches noires cristallisées, brillantes, dues à des petits amas de mica, qui fut, jusque dans les années 1970, la ressource principale de la bourgade.
D.D