Entre bombonne et Sorbonne. N°496
Écrit par D.D sur 21 septembre 2011
Quelques réflexions techniques. Bon, chronique ou pas, toujours est-il que j’en suis encore à essayer de trouver un mode de chauffage économe et qui ne soit pas le gaz propane. Celui avec lequel je remplis ma bombonne depuis plus de vingt ans. Voilà mon problème. Trop tardé. Je cherche avant l’hiver. Bois ? Avec poêle habillé de pierre ollaire pour l’accumulation de chaleur ? Energie aérothermique ? Géothermique ? Se brancher sur le réseau gaz de ville ? Passer au photovoltaïque ? Osons l’hypothèse : c’est facile d’être dans la confusion la plus totale. Je parle à propos de ces nouveaux domaines. Car il s’agit aujourd’hui d’habiter « techniquement la nature, naturellement la technique ». Pas facile. Mais c’est pas d’aujourd’hui.
Oui donc, rappel du contexte : l’énergie est partout dans notre quotidien : nos transports, les médias, l’agriculture, l’industrie, nos maisons… Elle provient des énergies fossiles à 83,5% : le pétrole, le charbon et le gaz naturel ! Alors que la demande mondiale ne cesse d’augmenter, les énergies fossiles arrivent à épuisement. Partout dans le monde des solutions se multiplient. Solaire, éolien, biomasse, géothermie… les énergies renouvelables ont prouvé leur performance. Donc ? y a plus qu’à…Mais comment ? Pour bien faire, ça mène loin.
Dans un colloque dont je vous ai fait part assez largement, par touches d’interventions censées être intempestives, Michel Puech, philosophe, prof à la Sorbonne , descendu en Bretagne exprès pour ça, adepte me semble-t-il de la célèbre formule courte « parlons peu parlons bien », Puech donc à propos du débat de table ronde qui abordait la question « Culture(s) et Développement durable » proposa à l’assistance cette définition : la culture c’est le changement de culture(s) ! Bon, paraît pas bête, ça ! Je me suis dit. Alors, suivons le personnage !
Et justement, voilà. Techniquement parlant j’en suis à me demander comment changer de culture(s). Je veux dire comment passer de la culture du gaz bombonne livré chez moi depuis l’autre bout de la planète que j’ignore, et l’énergie de « circuit court », de proximité. Voire de ce dont je dispose ici sous mes pieds, sous cette latitude autour de moi. Changement de culture(s) donc. Plus ou moins à l’aise.
Cette idée d’ habiter « techniquement la nature, naturellement la technique », formule qui me convient, Puech la développe ainsi: nous ne pouvons diviser entre technique et nature, comme nous avons toujours habité techniquement la nature et naturellement la technique. Quelle cohabitation possible aujourd’hui entre l’homme, la nature et le monde des artefacts ? L’homme agit sur la nature qui à son tour le modifie en retour, comme l’homme agit sur la technique qui en retour à son tour agit sur lui.
C’est alors que Puech considère que la solution à nos problèmes globaux (voir contexte) ne peut être trouvée qu’à travers nos micro-actions quotidiennes. Sans s’abandonner aux filets des héroïsmes institutionnels comme idéologiques.
Bien, faut-il en conclure que l’avenir est à faire soi-même ? A investir par petites touches ? ici en réglant dans mon cas la question du chauffage. Selon l’idée de Puech, faut « comprendre dans la micro-action le double effet. Quelque chose est changé, premier effet, et en même temps second effet, s’accomplit une action d’éducation, de témoignage, de démonstration. Donc, en premier, essentiel dans une pratique pragmatique : quelque chose est fait, est changé – un papier de moins, un kw de moins, une feuille de papier de moins,…Mais en même temps l’action micro-politique est engagée : on a le moyen d’envoyer des messages, et peut être aujourd’hui l’action est le seul message crédible qu’on puisse envoyer, tant le discours a été dévalorisé par les « communicants » et nos micro-démissions. La communication par l’action me semble constituer un sujet passionnant pour la théorie comme pour la pratique. »
Voilà pourquoi je vous parlerai bientôt, quand ma bombonne sera vide, quel choix de chauffage nouveau j’ai fait. But du jeu: micro-action pour grand effet de contagion. Question d’éthique! Petite réflexion très naturelle cependant à l’adresse du professeur. Ce qui laisse rêveur entre bombonne et Sorbonne c’est à quoi bon enseigner ça à l’élite? Et autant être clair et direct, à quoi sert-elle encore celle-ci qui nous a fichu dans ces crises en rafales, voire en abîmes? Puisque de nos jours l’avenir est dans nos mains. D’ici là…tout se paie.
D.D
françoise Sur 22 septembre 2011 à 8 h 56 min
« Energie de circuit court, de proximité »:
D’une récente escapade dans le Doubs et en Haute-Savoie (les départements les plus froids de France paraît-il) ,je rapporte les observations suivantes:
-D’innombrables magasins de chaussons.Des vitrines entières de balaises pantoufles pas fantoches…de la laine, du feutre…Des présentoirs extérieurs, sur les trottoirs: des gros chaussons superbes!
-Une quantité de magasins de laine, pelottes et échevaux, aiguilles à tricoter les chaussettes…et là non plus, ce ne sont pas les petits magasins Phildar pour mémères désoeuvrées que l’on trouve par ici…visiblement toutes les générations tricotent ferme…
-Plein de potiers et de dépôts de poterie: des tasses, des bols épais pour garder les boissons bien chaudes…Des récipients tout petits, mignons, partout, partout, pour déguster une multitude de baies rouges dans l’alcool, façon roupettes (oubliées) de chez nous.
-Des bouilloires fantastiques qui doivent siffler à pleins poumons sur le bord des poêles à bois.
-Et du bois, du bois, des tas de bois bien cougés, bien rangés, dans des bûchers bien intégrés à l’habitat (même, pour les maisons récentes, les bûchers, flanqués en façade, affichent leur importance)
Voilà, c’était juste pour que tu puisses te préparer à ta bonbonne vide!