« Bottom-up ». N°556
Écrit par D.D sur 28 novembre 2012
Dans la Toile, connaissons-nous ce qu’est le « bottom-up »? On ne le remet jamais en question, parce que classé définitivement dans la galerie du « mieux ».
Le « bottom-up »? C’est bon de s’en habituer.
L’inverse du bottom-up est le haut-en-bas ou « top-down ». Qu’est-ce que ça signifie ? S’imaginer un triangle isocèle. Avec un sommet. Cela évoque la société hiérarchique dans laquelle quelques-uns ordonnent à tous. Le citoyen étant écrasé par la hiérarchie. Ou l’exécutant par le décideur. L’ouvrier par son patron. Appliqué aux médias, ce sont quelques médias qui alimentent en informations tous les citoyens.
Venant du sommet, d’une élite, d’un pouvoir, il y a un mouvement descendant. Qui se propage à tous. Beaucoup s’imaginent Dieu au sommet du triangle, ou plutôt à défaut son représentant. Bref, quelle que soit son incarnation, ça part du sommet de la pyramide et ça nous arrive d’en haut, nous qui vivons à ses pieds. En langage internet, ce mouvement du haut en bas s’appelle « top-down ».
A cela s’oppose le « bottom-up » ou bas-en-haut. C’est le modèle internet. Pour le schématiser, il est pratique d’utiliser la même image de pyramide. Mais cette fois avec un mouvement inverse qui va de la base du triangle vers le haut. Ainsi convergent des informations ou des idées vers un point de focalisation. Un point dans lequel il est facile de retrouver Dieu. Ou plutôt son représentant du moment . Pouvoir ou Finance. Les deux allant de pair comme on le sait.
Ah! Que de mots qui cherchent à nous faire croire que nous participons. Mais, au final, nous subissons encore et encore les décisions. Nous les subissons d’autant mieux que nous croyons qu’elles viennent de nous. Pas la peine de les brailler à tue-tête, on y court tous en piaillant. Qu’espérer de mieux!
On a tant dit -ou prédit en dindonnant du cou- qu’Internet, depuis le début, au niveau le plus bas, TCP/IP, possède un véritable système de communication décentralisé. D’où apparaissent plein d’outils nouveaux : mailing-list, forum, blog, wiki, etc. Puis on a tant dit sur le phénomène des réseaux sociaux… Eh bien, ce discours s’est quand même assez sérieusement jauni depuis quelques lunes. Avec Facebook, il se sent comme une bonne odeur de fumier, exaltante. Comme autour de Google.
Maintenant, question « bottom-up », s’attendre à « mieux » (ou à pire) avec le nuage, le « cloud »: « Avec le cloud, avec les solutions d’Apple, d’Amazon, de Microsoft ou encore de Google, la donnée est dans le nuage, elle est quelque part, mais il n’y a rien de plus flou qu’un nuage. » Dès lors et de soi-même, par le biais des iPhone, smartphone, Androïd, et autres à venir, c’est donc dans un tel nuage que l’on va stocker en ligne (dans le cloud) discussions et confidences, dossiers personnels ou professionnels, photos de toutes sortes. Exercice qui nécessite aucune connaissance, ni aucun paramétrage compliqué. Se dérobe alors définitivement l’intégralité de ses données personnelles. Plus d’unité centrale, lourde et encombrante, à soi et à portée de soi. Avec vos données dans le nuage, vous perdez tout contrôle mais c’est pratique et ça gagne de la place. Hors de portée, dans le nuage, dépossession totale. Mais pas de souci ça allège. D’autres s’en occuperont. Vrai bon gisement de matière première captée pour pillages attendus.
A-t-on vraiment compris de quoi il s’agissait ? Entre ignorance et insouciance, y avons-nous seulement songé? Oh! à peu près comme pour les mouches la toile d’araignée. Pigent que dalle.
Pour la distraction, l’anecdotique, l’on n’oubliera pas de citer les mérites et les moyens de quelques gymnastes habiles du net évoluant dans la transversalité, dans l’à travers, dans l’en commun d’un réseau autonome… Mais total si peu. Au regard de la masse énorme de… « mouches » modélisées prises dans la Toile.
Bref, l’hiver tombe sur la Toile. Partis les rêves de jeunesse. Lire cette tribune qui évoque même une dystopie à propos du web. On la sent.
D.D