Situation lyrique… N°990

Il est clair que faire la Chronique, ça débobine des trucs qu’on croyait oubliés… Comme un fichier-son par exemple, mis en ligne il y a quelques années sur un site internet qui depuis a été réactualisé du sol au plafond. Bien sûr, si dans ce cas de figure, les riches archives sont comptées pour du beurre, on est mal. Mais, prudents, certains ont l’oeil sur ce type d’obsolescence, ils s’emploient à des sauvegardes régulières. Bravo à ceux-ci! Merci J.P! Et vive les sauvegardes! Cruciales à l’avenir.

Il est clair que grâce à cette vertu de prudence, en débobiner le document de sa sauvegarde rend alors possible un nouvel hommage à Bernard Noël – lire/voir ici. Hommage bien sûr, mais aussi parce que sa poésie à la fois inspirée et pensante, reste et restera une forme de sagesse.

Et de camaraderie. Petit souvenir. Lors de la séance d’enregistrement de la rencontre Abeille/Noël, deux univers s’entrechoquaient. Dans l’occupation momentanée d’espace qui ne nous appartenait pas, où résonnaient voix et bruits de quincaillerie. L’activité ordinaire d’un hall d’hôtel de la place de la gare à Rennes, et l’univers d’auteurs majeurs dans la littérature française bien présents à penser fraîchement par un beau matin de janvier. Le plateau était donc un lieu à la croisée des genres, entre découverte littéraire et espace d’expérience… polyphonique.

Eh bien, compte tenu de la rareté de ses contributions volontaires aux images filmées, qu’il ait accepté l’exercice ainsi décrit devait à l’évidence tout à la camaraderie envers ce que fut alors, une place forte, l’action de la Maison de la Poésie de Rennes – qui s’écoute par ailleurs chaque matinée sur nos ondes.

Ce fameux matin, peut être a-t-il l’importance d’une tête d’aiguille à certains bavards pour ne rien dire, pour nous il compte beaucoup. Permettez qu’au moment du générique de fin, ça soit écrit. Alors émettons une hypothèse : camarade, il aurait été heureux qu’il soit reconnu comme tel.

Ce qui nous amène à notre fichier-son activement recherché. Par-delà micros, console et ordinateur, s’ajoute un brin de fierté nous concernant. Romain d’ici (notre directeur technique) qui avait la charge de la prise de son, a découvert du même coup en ce lieu et place tout une langue et une pensée qui cohabitent. Avec pour effet une sensation très organique et active à l’écoute.

Si bien que plus tard dans la foulée de son travail de mixage – et d’atténuation des fragments parasites-, témoin, muet, d’instants, l’envie lui est venue de sortir ses instruments pour une mise en musique de Situation lyrique du corps naturel, qui fait pleinement écho dans le moindre des mots lus par son auteur.

Suite à quoi, ce fichier-son fut mis en ligne sur le site internet de la Maison de la Poésie de Rennes dans sa version d’alors, mais aussi reçu par Bernard Noël qui en adressa en retour une précieuse appréciation. A l’effet rétro-actif que voici.

Dessin ci-dessus (qui accompagnait le fichier-audio) André Masson, lecture Bernard Noël et musique Romain Dubois. A écouter ci-dessous.

D.D