Merci Grèce ! N°691
Écrit par D.D sur 8 juillet 2015
Souvent l’été est la saison des voyages. Voyage en Grèce par exemple. Cette fois c’est la Grèce qui vient à nous. Pas mal ! D’autant qu’en cet été elle vibre comme un soleil.
Car si les utopies ont vécu, la Grèce qui souffre et qui n’en peut plus de se serrer la ceinture, nous présente une bien belle manière de reprendre la main collectivement, sinon politiquement.
Alors, applaudissements et bravo pour la réactivation de la démocratie en Europe ! Celle de la démocratie réelle, qui donne sa voix à chacun(e) et lui reconnaît sa capacité à décider !
En particulier :
Applaudissements et bravo à Yanis Varoufakis, ministre hors-norme des finances démissionnaire du gouvernement d’Alexis Tsipras au lendemain de l’écrasante victoire du « non » au référendum grec, qui laisse sa place en ces termes : « Et je porterai le dégoût des créanciers avec fierté. »
Applaudissements et bravo à Alexis Tsipras pour ce texte fort et historique qu’il a adressé vendredi soir, à la veille du référendum sur la place Syntagma d’Athènes, à des dizaines de milliers d’Athéniens. A ne pas rater, à savourer même :
« Citoyens d’Athènes, peuple grec,
Aujourd’hui nous ne protestons pas, nous ne manifestons pas ; aujourd’hui est un jour de fête. Ce jour est une fête de la démocratie.
La démocratie est une fête et une joie, la démocratie est une libération, la démocratie est une issue.
Et nous célébrons aujourd’hui la victoire de la démocratie. Nous sommes déjà victorieux, quelle que soit l’issue du scrutin de dimanche, car la Grèce a envoyé un message de dignité, un message de fierté.
Personne ne peut ignorer cette passion, cet anxieux désir de vie, cet anxieux désir d’espoir, cet anxieux désir d’optimisme.
Nous célébrons aujourd’hui l’audace et la détermination qui nous ont conduits à prendre notre destin en mains, à rendre la parole au peuple grec.
Aujourd’hui, nous faisons la fête et nous chantons. Nous faisons la fête et chantons pour supplanter le chantage et la peur.
L’Europe telle que nous la connaissions, l’Europe telle qu’elle apparaît au miroir de ses principes fondateurs, n’a pas le moindre rapport avec les menaces et les ultimatums.
Et aujourd’hui, en ce moment même, l’Europe entière a les yeux tournés vers nous, vers le peuple grec, vers ses trois millions de pauvres et son million et demi de chômeurs.
Aujourd’hui la planète entière a les yeux rivés sur la Place de la Constitution et sur toutes les places, petites ou grandes, de notre patrie.
Dans ce lieu qui a vu naître la démocratie, nous donnons à la démocratie une chance de revenir.
De revenir en Europe, car nous voulons que l’Europe revienne à ses principes fondateurs.
À ces principes qu’elle a si longtemps balayés pour appliquer des programmes d’austérité sans issue, violant la volonté des peuples.
Citoyens d’Athènes, peuple grec,
Dimanche, nous adresserons tous ensemble un message de démocratie et de dignité à l’Europe et au monde.
Nous enverrons aux peuples un nouveau message d’espoir.
Car nous ne déciderons pas seulement, ce dimanche, de demeurer en Europe.
Nous déciderons de vivre avec dignité en Europe, de travailler et de prospérer en Europe.
D’être égaux en Europe, à égalité avec tous.
Et, croyez-moi, nul n’a le droit de menacer de couper la Grèce de son espace géographique naturel.
Nul n’a le droit de menacer de diviser l’Europe.
La Grèce, notre patrie, était, est et demeurera le berceau de la civilisation européenne.
C’est en ce lieu, dit la mythologie, que Zeus, en l’enlevant, a conduit la princesse Europe.
Et c’est de ce lieu que les technocrates de l’austérité souhaitent à présent l’enlever.
Mais cela ne sera pas. Car, dimanche, nous leur dirons « non ».
Nous ne laisserons pas l’Europe entre les mains de ceux qui souhaitent soustraire l’Europe à sa tradition démocratique, à ses conquêtes démocratiques, à ses principes fondateurs, aux principes de démocratie, de solidarité et de respect mutuel.
Citoyens d’Athènes, hommes et femmes de tous âges qui vous trouvez ici, aujourd’hui, qui submergez la Place de la Constitution, les rues d’Athènes et des autres grandes villes en bravant la montée de la peur orchestrée, la rhétorique de la terreur propagée tous ces derniers jours,
Le peuple grec a maintes fois démontré au cours de son histoire qu’il savait retourner un ultimatum à son expéditeur. Car les ultimatums, parfois, reviennent à l’envoyeur.
Les pages les plus éclatantes de l’histoire de ce pays et de ce peuple ont été des pages d’audace et de vertu.
Je vous appelle à ce que nous écrivions ensemble, de nouveau, des pages historiques, celles de notre rétablissement et de notre liberté.
Je vous appelle, ce dimanche, à opposer un « non » haut et clair aux ultimatums. À tourner le dos à ceux qui sèment chaque jour la peur et l’intimidation.
Et, lundi, quel que soit le résultat du processus démocratique, de ce verdict populaire que certains redoutaient et voulaient entraver, nous opposerons également un « non » sans appel à la division.
Lundi, quelle que soit l’issue du scrutin, les Grecques et les Grecs n’auront rien qui les sépare. Ensemble, nous nous battrons pour reconstruire une Grèce meilleure que celle que nous ont laissée cinq années de désastre.
Je vous appelle enfin à ne pas prêter l’oreille à ces sirènes dont l’écho ne cesse de s’amplifier, ces sirènes qui hurlent à la peur.
À décider avec votre esprit et votre cœur.
À vous déterminer avec calme et résolution.
À vous prononcer en faveur d’une Grèce fière dans une Europe démocratique.
En faveur d’un peuple, d’un petit peuple qui se bat, comme le dit le poème, sans épées et sans balles.
Qui se bat cependant en ayant dans les mains la plus puissante des armes : la justice.
Parce que la justice est avec nous, parce que nous sommes dans notre droit, nous vaincrons.
Et nul ne peut effacer cela. Nul ne peut occulter ce fait : nous sommes dans notre droit. »
Applaudissements et bravo à Alexis Tsipras encore, pour ses paroles prononcées ce matin devant le parlement européen où il a été très applaudi :
« L’Europe sera démocratique ou alors elle aura beaucoup de mal à survivre aux heures difficiles que nous traversons ».
»Les fonds attribués à la Grèce ne sont jamais parvenus au peuple grec, ils ont été attribués au sauvetage des banques »
« Mesdames et messieurs les députés, je ne suis pas de ceux qui prétendent que tous les maux du pays sont à mettre sur le dos des vilains étrangers. Si la Grèce est dans cette situation, c’est parce que pendant des décennies, les gouvernements ont gouverné de façon clientéliste, en soutenant la corruption, sans contrôler la fraude fiscale des plus riches. Au plus fort de l’austérité, les 10 % les plus riches ont été épargnés. »
« Nous proposons des réformes différentes : lutter contre l’oligarchie et les cartels, lutter contre l’évasion fiscale, moderniser l’Etat. »
Enfin, tonnerre d’applaudissements et de bravos au peuple en Grèce, le berceau de la démocratie, pour avoir fort sagement posé ces questions : quelle Europe ? Pour qui ? Par quels moyens ?
D.D
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