Les Jours heureux. N°427.

Résistance. Symboliquement chargé, le mot revient en force. Mot-signe. Qu’on lui réserve le meilleur accueil ici à Cuguen, à deux pas de l’ancien maquis de la forêt de Buzot, ça relève de l’évidence.

Mais quel en est l’héritage ? “L’héritage de la Résistance en France, c’est cela précisément : à savoir que les valeurs légitimes doivent l’emporter sur l’obéissance à la loi, sur la légalité”, estime Stéphane Hessel, Ambassadeur de France, ancien résistant, ancien déporté, co-rédacteur de la charte universelle des droits de l’homme.

Avec lui sur l’ancien haut lieu de la Résistance armée en Haute-Savoie, le Plateau des Glières, 3 000 personnes viennent de se réunir dimanche dernier pour défendre le modèle social issu du Conseil national de la Résistance. Elles appellent à renouer avec ses promesses de « jours heureux » (titre qui reprend celui des 200 000 brochures du programme qui avaient été tirées à Toulon en mai 1944 avec, en page de garde, Les Jours heureux par le CNR), la source de notre institution sociale. En pensée et en acte.

Car les fondations du modèle social furent l’œuvre des Résistants : services publics, retraites, liberté de la presse, droit du travail. Résistants qui soixante ans plus tard, s’émeuvent des coups répétés qu’il subit. Et comment Sarkozy en instrumentalisant l’histoire des Glières et la Résistance, accélère sa démolition.

Rappelons les propos de l’ex-vice-président du Medef, Denis Kessler, qui évoquait dans le magazine Challenges du 4 octobre 2007 la liste des réformes programmées par Nicolas Sarkozy : « C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Objectif avoué: le réduire à un squelette mort. Cela sent à plein nez le fantôme des miliciens.

Alors, si le retour aux maquis historiques signifie encore beaucoup dans l’imaginaire du pays, de nos jours les résistants qui sont de retour en France, se répartissent dans des maquis de plus en plus nombreux : c’est le constat que dressent simultanément deux essais récents, Les Jours heureux , et La Désobéissance éthique.

Qui sont-ils ces Résistants? Agents des services publics, électriciens, gaziers, conseillers Pôle emploi, postiers, forestiers, enseignants, hospitaliers, magistrats, militants contre les expulsions de sans-papiers, les logements vides… : beaucoup, au nom de valeurs éthiques décident de désobéir et refusent les injonctions à la rentabilité, à la répression, au fichage, à l’évaluation…

Les Jours heureux invite à reposer la question de la répartition des richesses, à résister à la “démolition sociale entreprise par le capitalisme ultralibéral et ses servants politiques”.

Le site de la petite association « Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui » à l’initiative de ce rassemblement : http://www.citoyens-resistants.fr/. Et dans la foulée cette autre dans le même esprit: http://www.appeldesappels.org/.

D.D