« Human » contre Zemmour, suite. N°706
Écrit par D.D sur 21 octobre 2015
Cette fois ce n’est plus du film dont il sera question. Mais c’est toujours de la même histoire. D’une histoire de l’humanité qui semble cyclique. Car le retour à un climat digne des années sombres de l’entre-deux-guerres et de son racisme ambiant revient…
Dans le climat nauséabond dans lequel nous devons vivre, face à la grossièreté des propos concernant la prétendue race blanche constituant la France, et sous la bienveillante autorité de l’oppression véritable, celle des banquiers en banqueroute, des plans d’austérités ( pour les pauvres) et des baisses d’impôt (pour les riches ), lorsque les médias parlent de « violence » pour une chemise arrachée sans mettre en balance les milliers d’emplois saccagés et de vies déchirées, que faire ?
Que faire quand la mise en cause de l’égalité homme-femme, l’antimodernisme, la supposée naturalité de la famille, la revendication du rôle politique des religions sous-tendent les idéologies qui ont le vent en poupe dans les médias, en France, en Europe, dans le monde ?
Que faire ? Eh bien, il n’y a pas de petit combat.
Saluons ainsi celui qui fut mené courageusement le week end dernier pour dénoncer localement ce prix Combourg Chateaubriand (lire ici et là) qui, en instrumentalisant politiquement un écrivain célèbre, utilise fonds et locaux publics non pour célébrer un style littéraire, mais pour renforcer les valeurs les plus conservatrices et réactionnaires qui sont d’ailleurs revendiquées ouvertement pour justifier cet événement prétendument littéraire. Et assurément trompeur.
Une parenthèse. Faut-il rappeler que l’illustre écrivain issu de la petite noblesse bretonne, dont le père fut tour à tour corsaire en temps de guerre, pêcheur de morue et négrier en temps de paix, avait en horreur le château de Combourg ? « Partout silence, obscurité et visage de pierre » (Mémoires d’outre-tombe, pg 145) , préférant battre les bruyères aux alentours durant les « deux années de délire » passées en cet endroit.
Cette année le prix fut ainsi décerné à une bête de foire de l’information dominante, aux analyses à deux balles qui font passer des mots de comptoir pour des paroles d’évangile, et la pluie pétainiste pour le beau temps, en propageant l’adversité, le déni, l’ignorance et la vulgarité du rejet et de l’exclusion de l’autre.
En outre s’ajoute ceci: à la Médiathèque municipale ce samedi, venant de l’assistance (petite) qui assistait à la « conférence » – disons le fonds de commerce antimoderne – de ce personnage d’aigreur et de rancœur qui profère des absurdités sur l’islam, l’« identité » ou l’histoire en général, ont été vus salut nazi et quenelle en direction des manifestants locaux. Ces derniers contenus à l’extérieur du lieu par quelques gendarmes venus s’interposer entre ceux-ci et un poignée de nervis connus aux motivations royalo-nationalistes, présents dans la salle, matériellement équipés prêts à en découdre.
Et comme le rappelle Le Télégramme: « Zemmour a pu courageusement sortir de la médiathèque par une porte dérobée avec son service d’ordre aux vestons joliment ornés de fleurs de lys, après que les gendarmes présents aient démonté un grillage. Ainsi l’histrion a pu éviter la confrontation avec les manifestants qui rejetaient son discours raciste et sexiste. » (Voir la photo ci-dessus où l’on voit, avant l’aide des gendarmes, « l’histrion » tenté de s’exfiltrer par le grillage à l’arrière de la Médiathèque).
A l’instar de cet événement, c’est ainsi qu’il n’y a pas de petit combat. Parce que, face au racisme, aux intégrismes – y compris l’intégrisme catholique en France –, à l’obscurantisme et l’inégalitaire, il y a à faire, et à faire rapidement.
D.D