De passage à Müel. N°589
Écrit par D.D sur 24 juillet 2013
Urbanisme durable. De passage à Müel. Bourg d’Ille-et-Vilaine entre Iffendic et Gaël. Déjà en le traversant je remarque la médiathèque réalisée avec un mur neuf de terre crue. Un mur de bauge réalisé à l’ancienne, par levées. D’architecture sobre et effilée tant au dehors (photos1&2) qu’à l’intérieur (photo 3), elle s’intègre en douceur entre la mairie et la poste.
Sur la porte vitrée de la belle médiathèque une affiche informe « Chantier participatif. Du mercredi 28 août au mercredi 4 septembre. Dans le cadre de la réalisation d’un établissement d’accueil du jeune enfant, la communauté de communes propose aux citoyens de participer à cette réalisation au travers d’un chantier participatif sur la mise en place des murs en botte de paille et des enduits en terre. Inscription avant le 19 juillet. »
La structure en construction (photos 4&5) doit mutualiser un ensemble de services liés à la petite enfance: un espace-jeux, un multi-accueil et des permanences éventuelles du relais intercommunal parents-assistants maternels enfants. Et brandi comme un manifeste par les élus de la Com de com: « Si c’est à Müel c’est en paille! »
Deux mots, avant de commencer, sur le parti pris architectural: la santé et l’énergie. Du coup le choix s’est porté sur la paille comme matériau de remplissage et d’isolation posé dans une ossature de bois (en pin Douglas du Finistère). Pour sa mise en oeuvre: « Que le projet serve aussi à sensibiliser les habitants du territoire sur l’éco-construction » explique Marcel Minier, le maire de Müel. Commune qui tient par ailleurs un marché des produits locaux les 3e et 5e mercredi du mois, Place de la mairie.
Ainsi ce chantier qui propose une expérience commune en partage sera réalisé en deux temps: d’abord la pose des bottes de paille en août, puis l’enduit terre en septembre. De la paille non traitée issue de la moisson 2012 a été stockée dans un hangar bien ventilé, avec un taux d’humidité contrôlé. Pour éviter toute confusion avec le travail au noir, l’assurance de la Communauté de communes couvrira les participants.
Plus précisément encore: l’ossature bois est préparée et pré-assemblée dans un atelier de menuiserie proche (Mauron), puis montée rapidement sur place. La paille répond aux règles nouvelles de ce matériau de construction dit « bio-sourcé »: à la pose, l’humidité au coeur du ballot doit être inférieur à 20%, la botte doit être d’une dimension supérieure de 10% de l’entre-axe des montants bois dans laquelle elle viendra se loger afin une fois compressée d’éviter tout interstice, etc. Info pour les septiques: durée de vie de 93 ans. Référence: c’est l’âge de la plus vieille maison de paille connue.
Donc, au programme de la construction: repenser les concepts fondamentaux. D’où orientation bio-climatique, ossature et bardage bois pour une partie -soit 30 tonnes de CO2 stockées-, murs de paille cultivée avec une très faible utilisation de produits phytosanitaires, chantier à relations actives et compétences partagées, membrane d’étanchéité en toiture fabriquée à partir de pneus recyclés, toiture végétale, isolation intérieure par ouate de cellulose (les invendus du Télégramme de Brest recyclés), 90% de matériaux naturels à faible empreinte écologique et non traités, absence de Composés Organiques Volatiles, réduction des consommations énergétiques, système de récupération des eaux de pluie avec citerne enterrée -«dans l’attente d’une éventuelle modification de la réglementation»-, absence d’utilisation d’énergies fossiles. Chauffage bois, panneaux solaires pour l’eau chaude sanitaire. Mobilier exempt de colle. Sol linoléum naturel. Conservation du cadre paysager: talus de chênes et vieux verger. Localisation facilitant les déplacements doux pour les habitants de Muël. Repas sur place et espace potager pour « savoir ce qu’on mange » réalisé avec la participation des gamins.
Quant au banal souci des apparences, il a conduit l’archi à proposer en façades des pare-soleils qui rappellent des parasols colorés de hauteur variable. J’aimerai aussi m’attarder vite fait sur l’aspect chantier: il est propre, peu de bruits sinon celui des marteaux, un minimum de poussières et de gravats. Quant au reste, l’essentiel: tout est en circuit court (pas de bois exotique entre autres), le projet sera quasi-autonome énergétiquement, et ici se pratique le don/contre-don -entre ce qui est donné (le coup de mains) et ce qui est rendu (le savoir-faire).
Bref, un écosystème naturel. Un bon sens. Qui mérite bien d’être connu. C’est pourquoi les autres ont du retard.
D.D
-La vidéo du chantier.
-Sur le même thème, relire « De passage à Silfiac. »
-Pas sur le même thème, bien que restant dans la sphère municipale, cette fois au sujet des propos ignobles et racistes tenus par le député-maire de Cholet à l’encontre des gens du voyage, relire « Romanichels ».
françoise Sur 24 juillet 2013 à 18 h 35 min
Je te croyais en…vacances!
Ce nom vient de vacant, du latin vacans, participe passé du verbe vacare :
– être libre, inoccupé, vacant…
Le latin vacare a donné en français vaquer :
vaquer (à), c’est s’occuper à faire quelque chose : « je vais vaquer à gratter les fenêtres, je vais vaquer à couper de l’herbe, à lire, à nager avec Joséphine, le phoque de Mordreuc… »
vaquer, c’est aussi suspendre ses fonctions, être en vacances…
Les espagnols disent:estar de vacaciones…
Alors vaque vaque vaque!!!!