Dans la forêt de fleurs, j’écoute. N°853
Écrit par admin sur 22 août 2018
Alors je me couche dans la forêt de fleurs, j’écoute. Je tente moi aussi de communiquer, je fais ce que je peux.
Me voici ce jour jardinier de la forêt des fleurs. De la prairie fleurie vue à hauteur de lapin. Ceci pour mieux apprécier le grand livre « Un grand jardin » de Gilles Clément (photo ci-dessus) et Vincent Grave.
Un album très grand format à couverture cartonnée, que l’on m’a offert affectueusement pour mon anniversaire.
Qui est à quelques heures près celui du solstice d’été, connu aussi pour celui de la fête de la musique. Qui correspondait encore une fois au jour le plus long de l’année dans notre hémisphère nord. Lequel n’aura jamais été aussi proche du soleil. Qui est alors à son zénith. De ce point culminant, la Terre démarrera un nouveau cycle inverse. Du coup je suis juste né après la nuit la plus courte. Quand la Terre présente son pôle Nord au Soleil et cache son pôle Sud. Alors qu’à partir de la matinée du 22 juin, à l’heure anniversaire de ma mise au monde, les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les solstices sont appelés les portes de l’année. Par conséquent, je suis né à l’une d’elles.
A cette porte là du « grand jardin ». Tenez, voici à ce point de la confidence. Ma mère me dit-elle encore que je suis né d’une longue besogne. En cette nuit la plus courte, m’étant retourné, mis de côté au couchant, je suis venu au nom de la souffrance, de la patience. Attendant l’aube et le muet déplacement des étoiles, délaissant la lune, pour me présenter au monde en phase descendante, au grand jour et parmi les paroles humaines. Je suis fabriqué d’une étoffe populaire, sous un soleil qui immédiatement me donnait des leçons.
De plus, à ce qu’il paraît, il y a un aspect magique du solstice d’été, celui de la cueillette des plantes sacrées, plantes aux vertus médicinales et surnaturelles. Qui, lit-on sur internet, a survécu partout en Europe avec les fameuses herbes de la Saint-Jean, « herbes » qui ont toutes des vertus de purification et de guérison. On y trouve entre autres le millepertuis, l’achillé millefeuille, la joubarbe, l’armoise, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, ou encore la sauge. En cette nuit la plus courte, les plantes en général reçoivent une force toute particulière venue des forces célestes, leur sève « chante » d’une puissance inégalée durant le reste de l’année. Les cueillir au crépuscule ou à l’aube a bien-sûr son importance.
Bon, pardonnez-moi cette introduction un brin personnelle à cette célébration traditionnelle multi-millénaire mais, tout bien pesé le symbole est quand même là, d’ailleurs tous les vrais jardiniers le savent, c’est assez cohérent avec l’objet de cette chronique: l’album illustré « Un grand jardin ».
Car collaborant avec le rythme des cycles saisonniers, le paysagiste co-auteur de l’album, Gilles Clément, se dit avant tout jardinier. Il défend la vision d’un monde où l’être humain vivrait « avec » la nature et non pas « contre ». Comme il l’évoquait dans l’entretien qu’il nous avait accordé, à ré-écouter ici.
Voici donc avec ce beau cadeau grand format, un nouvel éloge des jardins et de ceux qui les cultivent par le jardinier-planétaire humaniste qui, depuis près de vingt cinq ans, contribue à la modification de notre regard sur la place du végétal sur la planète. Mois après mois, Gilles Clément y raconte la vie du jardinier.
Alors je me couche dans la forêt des fleurs, j’écoute. J’écoute ses mots. Accompagnés des dessins luxuriants de l’illustrateur Vincent Gravé. Le tout étant présenté comme une fable en 12 planches autour des jardins.
Naturellement l’une d’elles est consacrée à l’activité d’août du jardinier (cliquer ci-dessous pour agrandir).
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Gilles Clément, de la Luna, et des étoiles ici & là. Ainsi qu’à l’écoute de notre belle émission Les Lunes bleues, ici.
Françoise Sur 23 août 2018 à 7 h 20 min
« Je vous écris d’un pays très ancien, c’est une île, un fragment de continent en dérive, il porte en lui l’avantage du temps et ses impertinences : la douceur et l’invention de l’érosion ; le vent du Sud le brosse sans arrêt, il entretient à grande vitesse les vagues de lumière et de pluie, les forêts, les herbes et tous leurs habitants ; c’est un travail millénaire, un étonnement, un commencement du monde. »
Gilles Clément.Thomas et le Voyageur