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L’Humanisme est-il recyclable? N°485.

Écrit par sur 6 juillet 2011

Le siècle des Lumières. Où l’on sort du religieux. La Raison. La Science. L’intelligibilité du monde et de la nature. Tout cela a nourrit la notion du Progrès en Occident. Et en couplant la technologie et les énergies fossiles émergea le progrès matériel! Cette époque était celle de l’Humanisme. Sauf qu’à ce Progrès a été arrimé le Quantitatif. Le Chiffre. D’où les effets collatéraux forts discutables que l’on connaît.

Je viens d’écouter Monsieur Notre Député Philippe Tourtelier qui milite lui-même pour un Humanisme d’aujourd’hui qui redéfinirait le rapport de l’homme à la nature. Mais sans jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire sans barrer d’un trait tout l’héritage humaniste. Et au premier titre la Raison. Pour lui, il est à craindre que nous soyons embarqués dans l’irrationnel en accordant une trop large part aux émotions. « Attention à la démocratie d’émotions ! » Pour lui la dernière en date est cette affaire récente du gaz de schistes ! Redéfinir la notion de progrès. Mais à rediscuter de façon extrêmement large à l’heure où les politiques et les experts sont décrédibilisés. Pour lui, revenir au Qualitatif est prioritaire. Et se réapproprier la politique de la science est fondamental. « Dans les nanotechnologies on parle des marchés, jamais à quoi c’est utile ! »

Notons que Philippe Tourtelier, qui s’inspire d’Edgar Morin et de Patrick Viveret , est Vice-président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée Nationale.

Dans un second temps, il pose justement la question du rapport au Temps qui est à reconsidérer. « Le temps c’est de l’argent ! les outils informatiques nous ont amené à ça ! Quant au temps libre : les bourgeois nous ont amené le commerce. Puis le négoce. C’est le négoce qui a tué le temps qui n’est pas de l’argent.» Il demande à ce qu’on reprenne le temps. Celui qui signifie ressourcement. Et éloge de la lenteur.

Troisième temps de son intervention : la question de la mesure et de la démesure. Démesure à propos des déchets nucléaires. C’est du tout et du n’importe quoi ce que nous en disent les experts ! L’une de leurs idées est de les enfouir en Auvergne pour 25 000 ans en y apposant l’étiquette « danger radio-activité » alors que nous ne sommes pas même capable de décoder les grottes de Lascaux, 17 000 ans, Démesure des inégalités sociales : 200 familles ont les revenus de 2 milliards de personnes ! Autre démesure : notre manque d’humilité face à la nature « Quelqu’un qui revenait de là-bas m’a dit qu’à Tchernobyl la nature aujourd’hui est luxuriante. » Pour conclure, Philippe Tourtelier considère qu’il y a une course de vitesse qui est engagée dont l’enjeu en est la forme démocratique à venir. Sans quoi : « soit l’autoritarisme soit la violence ! »

Si je vous fais de façon très inhabituelle le compte rendu de l’intervention de notre Député de circonscription lors d’un colloque parrainé par Jean Jouzel du GIEC et à ce titre Prix Nobel de la Paix 2007, qui s’est tenu ce mardi à Rennes sur le thème « Cultures plurielles, passerelles vers un avenir désirable! », c’est que chez moi son propos fait écho à la visite dimanche dernier de la Galerie David d’Angers où sont présentées les œuvres de ce sculpteur et portraitiste formidable de l’époque humaniste. Les bustes et corps dressés des grands hommes, avec leur consistance intime, deux portraits de Victor Hugo, Chateaubriand, Balzac, Lamennais, etc. en décrivent cette époque de « l’invention de la liberté ».

Car ce qu’on se disait entre amis en visitant, l’oeil mobile, ce musée magnifique c’est que dans l’art éphémère de nos jours plus aucun artiste ne s’aviserait à réaliser le portrait républicain de tel ou tel député de l’Assemblée, de tel ou tel écrivain social, de tel ou tel homme de sciences. Avant de visiter celui laissé intact depuis son origine (1885), de la nature, de l’environnement ou de la botanique, qu’est le Muséum des Sciences Naturelles d’Angers aux précieuses collections.

D’où cette question: l’Humanisme est-il recyclable? A débattre. Mais sans en avoir l’air, le Musée n’en est-il pas déjà une forme accomplie de recyclage?

D.D


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   7 juillet 2011 à 12 h 25 min

    Comment dis-tu ? « Cultures plurielles, passerelles vers un avenir désirable » ?
    Jacques Derrida : « Le seul avenir désirable et digne d’intérêt, c’est de laisser se mettre en mouvement la différance de l’autre »

    Peut-être que ce colloque aurait pu aussi s’appeler : « Attention, un recyclage peut en cacher un autre » ?

    Car j’ai fait le « travail » basique de ceux qui pondent ce genre de concept, en fouinant dans le flux des mots d’ordre des décideurs, ceux qui peuvent séduire les adeptes des songes creux…
    Je dis « adeptes » avec le mot secte et croyance dans la tête…

    « Cultures plurielles » regroupe tout un réseau d’écovillages, d’écohameaux, avec stages éco-construction « terre-à-terre ». (On trouve aussi, très sérieusement, comment construire un lave-linge à pédales)… une passerelle vers l’écho-village global et la permaculture et vers un site : Culture plurielles à Auchy-les-mines avec « les contes des pourquoi et des comment »…Y’a de ça non, dans « ton » colloque ?
    Et puis « passerelle »….Tiens, c’est un centre d’Art Brestois. La Passerelle.
    Mais ah ! « passerelle », quel beau mot transversal !
    Passerelle dit wikipédia, « en informatique (en anglais, gateway) est un dispositif permettant de relier deux réseaux d’autorités différentes. Une passerelle permet de faire communiquer des réseaux hétérogènes. Cette notion est très importante en réseaux de terrain. »
    Et puisque le « « Cultures plurielles, passerelles vers un avenir désirable » est déjà sur internet,(mais La Chronique avait devancé « l’évènement » !) j’ai pu lire la conclusion du discours de clôture :
    « Il faut aussi identifier les paramètres du changement, afin d’évaluer la capacité de notre société à conduire la transition et à se transformer, et afin de prendre conscience de son efficience comme de sa résilience. »
    V’là en effet une belle clôture ! Avec du poil de vache qui reste accroché ? va savoir…

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