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Roland Gori, « Il n’est pas dit que l’être humain doit fonctionner comme des appareils ménagers ».

Écrit par sur 1 avril 2024

Roland Gori, psychanalyste et Professeur des universités, a été en 2009 l’initiateur de lAppel des Appels.
Il est l’auteur, entre autres, de « La dignité de penser », » De quoi la psychanalyse est-elle le nom ? », « La santé totalitaire », « La folie Évaluation ». Son dernier livre « La fabrique des imposteurs » aborde l’état de notre démocratie, malade de la norme. Nous l’avons rencontré en décembre 2013 à la Maison Internationale de Rennes.


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   11 décembre 2013 à 8 h 40 min

    Roland Gori dans « La fabrique des imposteurs »:
     » Je revendique avec Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau L’Intraitable Beauté du monde , la «créolisation » des sociétés modernes et de leurs cultures, les métissages des traditions et des formes de rationalité, la magie du signifiant et l’efficace du signe, l’abandon créateur du rêve et la saisie-arrêt du réalisme, le potentiel du chaos et l’ordre insurgé de la pensée vigile, la rigueur de la poésie et la beauté des mathématiques, l’impensable et le prédictible, le labeur et le jeu, le mélange des genres et la police du raisonnement, le lâcher-prise et le choix calculé, la «diversité consentie» et la transmission assumée, les archipels de l’imaginaire et les océans de la technique, les éclairs des poèmes et les foudres du savoir, « le jazz et la java ». J’exige une « pensée de la diversité » qui refuse les morales d’État civil et les assignations à résidence des individus et des formes de vie, des formes du penser et de l’éprouver. Je revendique le tour de main de l’artisan et la haute technologie des tours de contrôle, je revendique l’esprit du village grec ou corse et la liberté des villes, la haute solitude de l’Alta Rocca et le bruissement de Montparnasse. Je revendique la biodiversité, la « créolisation » de l’existence, sans laquelle la liberté est un leurre. Je revendique la liberté de désirer en vain, celle qui trouve dans le réel les limites de l’impossible, sans concession aux conformismes et autres chloroformes de la nouvelle civilisation des mœurs. »

    « La grande pauvreté aujourd’hui est aussi celle de notre manière monotone de voir le monde, de le dire et de le penser. La misère est autant matérielle que symbolique, son traitement aussi. Il faut rendre au langage, en politique comme ailleurs, la puissance symbolique, l’efficacité performative qui a fondé les démocraties en répondant à «l’impatience de l’égalité». Il faut permettre au langage et à la parole politiques de troubler l’ordre «normal». Laissons au poète le dernier mot : «Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience »(René Char)

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